Loin des oiseaux, des troupeaux, des villageoises,
Que buvais-je, à genoux dans cette bruyère
Entourée de tendres bois de noisetiers,
Dans un brouillard d’après-midi tiède et vert ?
Que pouvais-je boire dans cette jeune Oise,
– Ormeaux sans voix, gazon sans fleurs, ciel couvert !
Boire à ces gourdes jaunes, loin de ma case
Chérie ? Quelque liqueur d’or qui fait suer.
Je faisais une louche enseigne d’auberge.
– un orage vint chasser le ciel. Au soir
L’eau des bois se perdaient sur les sables vierges,
Le vent de Dieu jetait des glaçons aux mares ;
Pleurant, je voyais de l’or – et ne pus boire. –
***
Arthur Rimbaud, « Larme », version de Une Saison en Enfer, 1873. Il existe une version antérieure différente, datée de 1872.
1 commentaire
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24 mars 2010 à 07:58
É
… on se sent chez soi, par ici!