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Bien après les jours et les saisons, et les êtres et les pays,
Le pavillon en viande saignante sur la soie des mers et des fleurs arctiques ; (elles n’existent pas.)
Remis des vieilles fanfares d’héroïsme – qui nous attaquent encore le cœur et la tête – loin des anciens assassins –
Oh ! Le pavillon en viande saignante sur la soie des mers et des fleurs arctiques ; (elles n’existent pas.)
Douceurs !
Les brasiers, pleuvant aux rafales de givre, – Douceurs ! – les feux à la pluie du vent de diamants jetée par le cœur terrestre éternellement carbonisé pour nous.
– O monde ! –
(Loin des vieilles retraites et des vieilles flammes, qu’on entend, qu’on sent,)
Les brasiers et les écumes. La musique, virement des gouffres et choc des glaçons aux astres.
O Douceurs, ô monde, ô musique ! Et là, les formes, les sueurs, les chevelures et les yeux, flottant. Et les larmes blanches, bouillantes, – ô douceurs ! – et la voix féminine arrivée au fond des volcans et des grottes arctiques.
Le pavillon…
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Rimbaud, Illuminations
Qu’avez vous fait, vous, les gidiens, les cérébraux, les rilkéens, les mystériens, les faux sorciers exitentiels, vous, les pavots surréalistes qui flambiez sur une tombe, les cadavres de la mode européisés, les blancs asticots du fromage capitaliste, qu’avez-vous fait devant le règne de l’angoisse, devant cet obscur être humain cette présence piétinée, cette tête qu’on enfonçait dans le fumier, cette nature, de rudes vies foulées aux pieds ? Vous avez pris la poudre d’escampette pour vendre vos monceaux d’ordure, pour chercher des cheveux célestes, la plante lâche, l’ongle ébréché, la « Beauté pure », le « sortilège », des oeuvres de pauvres capons pour que les yeux s’évadent, pour que les délicates pupilles s’embrouillent, pour survivre avec ce plat de rogatons que vous ont jeté les seigneurs, sans voir la pierre à l’agonie, sans protéger, sans conquérir, plus aveugles que les couronnes du cimetière, quand la pluie tombe sur les fleurs immobiles, les fleurs pourries des sépultures. |
Qué hicisteis vosotros gidistas, intelectuales, rilkistas, misterizantes, falsos brujos existenciales, amapolas surrealistas encendidas en una tumba, europeizados cadáveres de moda, pálidas lombrices del queso capitalista, qué hicisteis ante el reinado de la angustia, frente a este oscuro ser humano, a esta pateada compostura, a esta cabeza sumergida en el estiércol, a esta esencia de ásperas vidas pisoteadas? No hicisteis nada sino la fuga: vendisteis hacinado detritus, buscasteis cabellos celestes, plantas cobardes, uñas rotas, «belleza pura», «sortilegio», obra de pobres asustados para evadir los ojos, para enmarañar las delicadas pupilas, para subsistir con el plato de restos sucios que os arrojaron los señores, sin vender la piedra en agonía, sin defender, sin conquistar, más ciegos que las coronas del cementerio, cuando cae la lluvia sobre las inmóviles flores podridas de las tumbas. |
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Pablo Neruda, Chant Général, V, 2, 1950
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