Bien après les jours et les saisons, et les êtres et les pays,
Le pavillon en viande saignante sur la soie des mers et des fleurs arctiques ; (elles n’existent pas.)
Remis des vieilles fanfares d’héroïsme – qui nous attaquent encore le cœur et la tête – loin des anciens assassins –
Oh ! Le pavillon en viande saignante sur la soie des mers et des fleurs arctiques ; (elles n’existent pas.)
Douceurs !
Les brasiers, pleuvant aux rafales de givre, – Douceurs ! – les feux à la pluie du vent de diamants jetée par le cœur terrestre éternellement carbonisé pour nous.
– O monde ! –
(Loin des vieilles retraites et des vieilles flammes, qu’on entend, qu’on sent,)
Les brasiers et les écumes. La musique, virement des gouffres et choc des glaçons aux astres.
O Douceurs, ô monde, ô musique ! Et là, les formes, les sueurs, les chevelures et les yeux, flottant. Et les larmes blanches, bouillantes, – ô douceurs ! – et la voix féminine arrivée au fond des volcans et des grottes arctiques.
Le pavillon…
***
Rimbaud, Illuminations
4 commentaires
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11 avril 2010 à 07:55
Epitaphe Voili-voilou et oupala
La poésie n’est guère ma tasse de thé, je la préfère chantée, interprétée au travers des émotions en résonance.
Ce poème me parle, merci de me l’avoir fait connaître
11 avril 2010 à 16:39
Ad
« Epitaphe Voili-voilou et oupala » = lol !!! 🙂 Mais dis-donc, si ce poème là te parle, c’est quand même que tu as une certaine sensibilité pour lire la poésie, parce que ce n’est vraiment pas le plus limpide de ce blog ! Du reste c’est un de mes préférés, alors on s’y retrouve bien !
Et j’ajoute, même si c’est un peu lourdingue, que pour moi, la poésie est un peu comme une partition qui fait chanter l’âme…
En tout cas je compte aussi ouvrir ce blog à la chanson un de ces quatre, car les chanteurs sont souvent aussi des poètes…
Voili-voilou !
12 mai 2010 à 16:46
Luestan Theel
Je me demande, dans l’ignorance, si la peinture de Turner ne pourrait pas servir de clef à plusieurs poèmes des Illuminations. Je pense en particulier aussi à Marine.
13 mai 2010 à 09:43
Ad
oui, j’ai lu que Rimbaud avait forcément vu cette peinture qui permet n’est-ce pas de se figurer certaines images à première vue impossibles de Rimbaud. En effet, cela fonctionne encore mieux avec Marine, qui maintenant que vous le dites serait peut-être même une description de ce tableau (i.e. ekphrasis) ! Du coup, je pense aussi à Mouvement… Tout s’éclaire !