En m’ébattant je fais rondeaux en rime,
Et en rimant bien souvent, je m’enrime ;
Bref, c’est pitié d’entre nous rimailleurs,
Car vous trouvez assez de rime ailleurs,
Et quand vous plait, mieux que moi rimassez,
Des biens avez et de la rime assez :
Mais moi, à tout ma rime et ma rimaille,
Je ne soutiens, dont je suis marri, maille.
Or ce me dit un jour quelque rimart :
« Vien ça, Marot, trouves tu en rime art
Qui serve aux gens, toi qui as rimassé ?
– Oui vraiment, réponds-je, Henry Macé ;
Car, vois-tu bien, la personne rimante
Qui au jardin de son sens la rime ente,
Si elle n’a des biens en rimoyant,
Elle prendra plaisir en rime oyant.
Et m’est avis, que si je ne rimois,
Mon pauvre corps ne serait nourri mois,
Ne demi-jour. Car la moindre rimette,
C’est le plaisir, où faut que mon ris mette. »
Si vous supplie, qu’à ce jeune rimeur
Fassiez avoir par sa rime heur,
Afin qu’on dise, en prose ou en rimant ;
« Ce rimailleur, qui s’allait enrimant,
Tant rimassa, rima et rimonna,
Qu’il a connu quel bien par rime on a. »
***
Illustration : Clément Marot et François Ier, aquarelle trouvée sur le site du Quercy, région natale du poète
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26 septembre 2014 à 12:53
Cochonfucius
Le pauvre rimailleur,
Étrange est son bonheur ;
Il est explorateur
Des choses déroutantes
Ou d’objets surprenants ;
Et de sa vie courante,
On le voit s’étonnant.
Le pauvre rimailleur,
Il n’est qu’un artisan ;
Son esprit vient d’ailleurs,
Apporté par le vent ;
Il crée des personnages
(Puisque c’est son métier)
Qui arpentent les pages
Et mangent du papier.
Le pauvre rimailleur,
Il est toujours content :
De rêve il est tailleur,
En fait son vêtement.
Je vous dirai d’ailleurs
Qu’il n’est nul noble sire
Qui autant trouve à rire
Qu’un pauvre rimailleur.
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