Philis, je ne suis plus des rimeurs de ce siècle
Qui font pour un sonnet dix jours de cul de plomb
Et qui sont obligés d’en venir aux noms propres
Quand il leur faut rimer ou sur coiffe ou sur poil.
Je n’affecte jamais rime riche ni pauvre,
De peur d’être contraint de suer comme un porc,
Et hais plus que la mort ceux dont l’âme est si faible
Que d’exercer un art qui fait qu’on meurt de froid.
Si je fais jamais vers, qu’on m’arrache les ongles,
Qu’on me traîne au gibet, que j’épouse une vieille,
Qu’au plus fort de l’été je languisse de soif,
Que tous les mardi-gras me soient autant de jeûnes,
Que je ne goûte vin non plus que fait le Turc,
Et qu’au fond de la mer on fasse mon sépulcre.
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29 septembre 2013 à 11:45
Cochonfucius
De ce siècle il retient le sourire d’Hélène.
Cul de plomb, il lui a tant écrit de sa main
(Au nom propre adressant ces plis de parchemin),
Ou sur poilants albums traçant des cantilènes.
Riche ni pauvre il n’est, il vit sa vie humaine
Comme un porc qui, nourri au fond d’un patelin,
Est si faible que son corps, objet de dédain,
Meurt de froid en allant s’abreuver aux fontaines.
Les ongles tout usés, le poil devenu gris,
Une vieille habitude est en place : il écrit.
De soif, de lassitude, on ne voit rien paraître .
De jeûne il fait hommage à sa Divinité.
Le Turc, heureusement, lui prépare un café ;
Sépulcre, encore un temps ! qu’il se fasse connaître.