Ce sonnet parle de Clairac, la ville natale du poète, qui a été dévastée au début du XVIIe, à la reprise des guerres de religion du siècle précédent.
Sacrés murs du Soleil où j’adorais Philis,
Doux séjour où mon âme était jadis charmée,
Qui n’est plus aujourd’hui sous nos toits démolis
Que le sanglant butin d’une orgueilleuse armée;
Ornements de l’autel qui n’êtes que fumée,
Grand temple ruiné, mystères abolis,
Effroyables objets d’une ville allumée,
Palais, hommes, chevaux ensemble ensevelis;
Fossés larges et creux tout comblés de murailles,
Spectacles de frayeur, de cris, de funérailles,
Fleuve par où le sang ne cesse de courir,
Charniers où les corbeaux et loups vont tous repaître,
Clairac, pour une fois que vous m’avez fait naître,
Hélas! combien de fois me faites-vous mourir!
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14 juin 2015 à 14:38
Cochonfucius
Cinq éléphants de sable, en ce printemps joli,
Par la beauté du monde ont leur âme charmée ;
Ils marchent lentement sur le pavé poli,
Brigade dérisoire, insignifiante armée.
Un mur barre soudain cette route embrumée ;
Leur plaisir vagabond n’en est pas aboli,
Leur soif de renouveau n’en est pas consumée,
Leur goût de flânerie n’est pas enseveli.
— Nous pouvons, à nous cinq, franchir cette muraille !
— Compagnons, sur mon dos, montez, vaille que vaille !
— Plus haut… Il manque encore un peu, pour le franchir.
— Ce mur n’a pas de porte, et non plus, de fenêtre.
— Donc, sur notre succès, un doute pourrait naître,
Mais point d’affolement, nous allons réfléchir.