L’Homme veut tout sonder, – et savoir ! La Pensée,
La cavale longtemps, si longtemps oppressée
S’élance de son front ! Elle saura Pourquoi !…
Qu’elle bondisse libre, et l’Homme aura la Foi !
– Pourquoi l’azur muet et l’espace insondable ?
Pourquoi les astres d’or fourmillant comme un sable ?
Si l’on montait toujours, que verrait-on là-haut ?
Un Pasteur mène-t-il cet immense troupeau
De mondes cheminant dans l’horreur de l’espace ?
Et tous ces mondes-là, que l’éther vaste embrasse,
Vibrent-ils aux accents d’une éternelle voix?
– Et l’Homme, peut-il voir? peut-il dire : Je crois ?
La voix de la pensée est-elle plus qu’un rêve ?
Si l’homme naît si tôt, si la vie est si brève,
D’où vient-il? Sombre-t-il dans l’Océan profond
Des Germes, des Foetus, des Embryons, au fond
De l’immense Creuset d’où la Mère-Nature
Le ressuscitera, vivante créature,
Pour aimer dans la rose, et croître dans les blés ?…
Nous ne pouvons savoir ! – Nous sommes accablés
D’un manteau d’ignorance et d’étroites chimères !
Singes d’hommes tombés de la vulve des mères,
Notre pâle raison nous cache l’infini !
Nous voulons regarder : – le Doute nous punit !
Le doute, morne oiseau, nous frappe de son aile…
– Et l’horizon s’enfuit d’une fuite éternelle !…
4 commentaires
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11 décembre 2010 à 16:29
Désirée
Je ne sais pourquoi je n’ai jamais aimé Rimbaud (qu’on ne me jette pas de tomates pourries! merci 😉 ) . J’y arrive pas. C’est vraiment une question de ressenti.
Bonne journée Ad, et de bonnes fêtes si je n’ai pas le temps de repasser par ici 🙂
13 décembre 2010 à 18:13
Kajan
globalement c’est un peu « lourd »… ça laboure profond… mais avec des fulgurances d’une telle beauté!
à consommer avec modération…
(zut! j’avais quelques tomates pourries à écouler… je les garde pour le père Noël)
14 décembre 2010 à 14:12
Langda
C’est vrai, c’est un peu lourd. Ces vers font partie des premiers de Rimbaud, ils sont construits de manière archi-classique, avec les rimes et les césures, sans grande originalité. On sent encore vraiment l’influence des maîtres de l’époque, Hugo, puis Baudelaire… Ces deux points pour expliquer la lourdeur… Après, j’aime beaucoup le fond de cet extrait, et puis c’est du classique bien maîtrisé quand même.
Désirée, je ne peux pas en dire autant, j’aime énormément les textes de Rimbaud, mais il est vrai que je préfère ce qu’il a écrit un peu plus tard, quand on sent vraiment la touche personnelle et la finesse de l’artiste, ce qui n’est pas encore vraiment le cas ici.
15 décembre 2010 à 09:44
Désirée
Tu as raison Kajan: c’est une ordure. ^^