Dans une terre grasse et pleine d’escargots
Je veux creuser moi-même une fosse profonde,
Où je puisse à loisir étaler mes vieux os
Et dormir dans l’oubli comme un requin dans l’onde,
Je hais les testaments et je hais les tombeaux ;
Plutôt que d’implorer une larme du monde,
Vivant, j’aimerais mieux inviter les corbeaux
A saigner tous les bouts de ma carcasse immonde.
Ô vers ! noirs compagnons sans oreille et sans yeux,
Voyez venir à vous un mort libre et joyeux ;
Philosophes viveurs, fils de la pourriture,
A travers ma ruine allez donc sans remords,
Et dites-moi s’il est encor quelque torture
Pour ce vieux corps sans âme et mort parmi les morts !
***
Hugo Sinberg, Le Jardin de la Mort, 1896
10 commentaires
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17 février 2011 à 08:49
Kajan
tiens tiens… très tendance!
http://www.facebook.com/album.php?aid=58149&id=100000125965055&l=e7af10034d
19 février 2011 à 11:38
Langda
C’est mon côté gothicomique qui ressort
19 février 2011 à 11:33
Pivoine
No comment, j’adhère
19 février 2011 à 11:37
Langda
Tu adhères… Tel l’escargot ?
20 février 2011 à 13:31
Pivoine
faudrait pas trop jouer au baveux avec moi, j’suis pas d’humeur
27 février 2011 à 19:59
Désirée
Il avait déjà donné dans les hymnes aux carcasses putréfiées le Charles, je me souviens d’un « choeur de vermisseaux » si je ne me trompe…ma mémoire étant fallacieuse il faudra que je vérifie. Mais je crois bien. J’ai toujours aimé les poètes qui mettent les pieds dans le plat…
28 février 2011 à 11:05
Langda
En effet, j’ai retrouvé le « choeur de vermisseaux » dans un autre air de Baubau :
« Je t’adore à l’égal de la voûte nocturne,
Ô vase de tristesse, ô grande taciturne,
Et t’aime d’autant plus, belle, que tu me fuis,
Et que tu me parais, ornement de mes nuits,
Plus ironiquement accumuler les lieues
Qui séparent mes bras des immensités bleues.
Je m’avance à l’attaque, et je grimpe aux assauts,
Comme après un cadavre un choeur de vermisseaux,
Et je chéris, ô bête implacable et cruelle !
Jusqu’à cette froideur par où tu m’es plus belle ! »
28 février 2011 à 12:47
Désirée
Oui voilà c’est celui-là! Drôle de déclaration d ‘amour non? Tu sais de qui il parlait?
1 mars 2011 à 11:12
Langda
… J’avais l’impression qu’il était dédié à une sorte de déesse de la nuit, ou je ne sais quoi. J’ai fini par trouver dans un livre en ligne qu’il s’adressait à la « Vénus noire » (allez donc savoir). Il y a aussi Jeanne Duval, qui pourrait en être la correspondance réelle : c’était une actrice café au lait, venue des îles, dont le pouet était épris. Après, je te laisse imaginer tout ce que tu veux, ça vaux mieux je crois. Bonne journée 🙂
3 mars 2011 à 21:16
Désirée
Moi je crois qu’il y a une femme en chair et en os derrière tout ça. D’après ce que j’ai lu il n’a pas toujours été « payé de retour » question amour, le grand Charles…