Complice, complice, c’est comme auteur. Nous en sommes les complices, nous en sommes les auteurs. Complice, complice, c’est autant dire auteur.
Celui qui laisse faire est comme celui qui fait faire. C’est tout un. Ça va ensemble. Et celui qui laisse faire et celui qui fait faire ensemble, c’est comme celui qui fait, c’est autant que celui qui fait. […] C’est pire que celui qui fait. Car celui qui fait, il a au moins le courage de faire. Celui qui commet un crime, il a au moins le courage de le commettre. Et quand on le laisse faire, il y a le même crime ; c’est le même crime ; et il y a la lâcheté par dessus. Il y a la lâcheté en plus.
Il y a partout une lâcheté infinie.
Complice, complice, c’est pire qu’auteur, infiniment pire.
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Le Mystère de la charité de Jeanne d’Arc, Charles Péguy (1873-1914)
Tableau : La Mort de Sainte Jeanne d’Arc sur le Bûcher, par Lionel Royer (1852-1926), Basilique de Domremy.
1 commentaire
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21 juin 2015 à 10:53
Cochonfucius
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Cendres de Jeanne
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Lorraine aux vignes d’or où l’oiseau vole bas,
Où le fruit et la fleur séduisent les abeilles,
Où le vin met au coeur de l’homme des merveilles,
Lorraine vient de perdre un sinistre combat.
Le sombre tribunal d’opprobre la frappa
Pour avoir remporté victoires nonpareilles.
Tant de jours d’argutie et tant de nuits de veille ;
On en vient au verdict : elle ne vivra pas.
Église, qu’as-tu fait de ton humble servante ?
Pourquoi l’as-tu plongée en mortelle épouvante ?
Pourquoi, de ton enfer, veux-tu l’effaroucher ?
Le bourreau, cependant, est fort heureux de vivre,
Lui qui travaille mieux quand il est un peu ivre,
Et rêve en balayant les cendres du bûcher.