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Les reflets délicats des sapins reposaient à la surface de l’étang transparent.
*
Il y avait huit écrevisses en train de dévorer une lamproie de mer morte au fond de l’étang.
*
Les écrevisses étaient d’un rouge intense.
La lamproie de mer était d’un bleu éclatant.
Un courant dans l’étang faisait aller et venir lentement la lamproie de mer.
On aurait dit que les écrevisse »s mangeaient la lamproie de mer vivante.
*
« Madge, j’ai crié, Viens voir ! »
« Quoi? »
« Viens voir! »
Elle s’est levée de la grosse pierre où elle était assise et me regardait pêcher.
« Viens voir! »
« J’arrive! » Elle s’est mise à courir le long du ruisseau en ma direction.
*
« Regarde », j’ai dit en montrant du doigt le fond de l’étang.
« C’est quoi a dit Madge, un serpent ? »
« C’est une lamproie de mer. »
« On dirait un énorme serpent. Ohhhh! » elle a dit. « Ils la mangent vivante. »
« Non, elle est morte. »
*
« Oh, c’est horrible, dit Marge, absolument horrible. »
« Ouais. »
« C’est horrible, elle a dit, je peux pas voir ça. »
« Moi non plus. »
« Je peux pas voir ça. »
*
On a rien dit d’autre pendant un moment.
On est juste restés là, à regarder les écrevisses dévorer la lamproie de mer.
Richard Brautigan, Pourquoi les poètes inconnus restent inconnus, éd° le Castor Astral, traduit de l’américain pat Thierry Beauchamp et Romain Rabier, 2003 (publication posthume).
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