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Ô des fourmis défilent sur mes bras ivres
et elles abandonnent Van Gogh dans un champ de maïs
et ôtent la vie au monde avec un
fusil de chasse,
et défilent sur mes bras ivres
et elles poussent Rimbaud
à trafiquer des armes et à chercher de l’or
sous les rochers,
Ô des fourmis défilent sur mes bras ivres,
elles ont envoyé Pound à l’asile
et ont poussé Crane à se jeter à la mer
en pyjama,
des fourmis, des fourmis défilent sur mes bras ivres
alors que nos écoliers scandent le nom de Willie Mays
plutôt que celui de Bach,
des fourmis défilent sur mes bras ivres
à travers mon verre j’essaie d’attraper
des planches de surf, des lavabos, des tournesols
et la machine à écrire tombe de la table
comme une attaque cardiaque
ou un taureau mort du dimanche,
et les fourmis entrent dans ma bouche
et dans ma gorge,
je les fais passer avec du vin
et remonte les stores
elles sont sur le grillage de la fenêtre
et sur les rues
escaladent les clochers des églises
et les chapes des pneus
cherchant quelque chose d’autre
à manger.
In Les jours s’en vont comme des chevaux sauvages dans les collines, éd. du Rocher, 2011.
vous ne les verrez pas souvent car où est la foule ils ne sont pas. ces gens bizarres, pas et des ils sont parfois je crois ou ou parfois parfois je me rappelle visage rêveur où |
you wont see them often for wherever the crowds are they are not. these odd ones, not and from the they are sometimes i think or or sometimes sometimes i remember face dreaming where |
On ne manque pas de sociologues à faible quotient intellectuel aujourd’hui. Pourquoi j’en ajouterais, avec mon intelligence supérieure ? On a tous entendu ces vieilles femmes qui disent : « Oh, comme c’est AFFREUX cette jeunesse qui se détruit avec toutes ces drogues ! C’est terrible ! » Et puis tu regardes la vieille peau : sans dents, sans yeux, sans cervelle, sans âme, sans cul, sans bouche, sans couleur, sans nerfs, sans rien, rien qu’un bâton, et tu te demandes ce que son thé, ses biscuits, son église et son petit pavillon ont fait pour ELLE. Et les vieux se mettent parfois dans une colère noire contre les jeunes : « Bon sang, j’ai travaillé DUR toute ma vie ! » (Ils prennent le travail pour une vertu, mais ça prouve seulement qu’un type est taré.) « Les jeunes veulent tout pour RIEN ! Ils s’abîment la santé avec la drogue, ils s’imaginent qu’ils vont vivre sans se salir les mains ! »
Puis tu LE regardes :
Amen.
Il est seulement jaloux. Il s’est fait enculer, on lui a piqué ses plus belles années. Il meurt d’envie de baiser. S’il tient jusqu’au bout. Mais il peut plus. Donc, maintenant, il veut que les jeunes souffrent comme il a souffert.
La plupart du temps, c’est de ça qu’il s’agit. Les défoncés en font trop à propos de leur sacrée défonce et le public pareil avec l’usage de la drogue. La police se remue et les défoncés se font pincer, et ils se prennent pour des martyrs, tandis que l’alcool reste légal, tant que vous ne dépassez pas la mesure et que vous n’êtes pas pris dans la rue et mis en prison. Quoi que vous donniez à la race humaine, elle s’écorchera avec et vomira dessus. Si on légalisait la défonce on se sentirait un peu mieux aux Etats-Unis, mais pas tellement. Tant qu’il y aura des tribunaux, des prisons, des hommes de loi et des lois, les gens se défonceront.
Leur demander de légaliser la défonce, c’est un peu comme leur demander de beurrer les menottes avant de nous les passer.
***
Charles Bukowski – « La Grande Défonce« , in Nouveaux contes de la folie ordinaire, 1967
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quand Dieu a créé l’amour il n’a pas beaucoup aimé
quand Dieu a créé les chiens il n’a pas aidé les chiens
quand Dieu a créé les plantes il n’a pas été très original
quand Dieu a créé la haine nous avons eu quelque chose d’utile
quand Dieu m’a créé moi, bon, il m’a créé
quand Dieu a créé le singe il était endormi
quand Dieu a créé les girafes il était ivre
quand Dieu a créé les drogues il était défoncé
quand Dieu a créé le suicide il était déprimé
quand il t’a créé toi en train de dormir au lit
il savait ce qu’il faisait
il était bourré et défoncé
et il a créé les montagnes et la mer et le feu
en même temps
il a commis quelques erreurs
mais il t’a créé toi en train de dormir au lit
il a vraiment réussi à faire quelque chose pour Son Sacré Univers.
Allez au Tibet.
Faites du chameau.
Lisez la Bible.
Teintez vos chaussures en bleu.
Laissez-vous pousser la barbe.
Faites le tour du monde en canoë de papier.
Abonnez-vous au Saturday Evening Post.
Ne mâchez que du côté gauche de la bouche.
Epousez une unijambiste et rasez-vous avec un coupe-chou.
Et gravez votre nom sur son bras.
Brossez-vous les dents à l’essence.
Dormez toute la journée et grimpez aux arbres la nuit.
Faites-vous moine et buvez des chevrotines et de la bière.
Mettez la tête sous l’eau et jouez du violon.
Faites la danse du ventre devant des bougies roses.
Tuez votre chien.
Présentez-vous comme maire.
Vivez dans un tonneau.
Fendez-vous la tête avec une hachette.
Plantez des tulipes sous la pluie.
Mais n’écrivez pas de poésie.
***
Charles Bukowski, Avec les damnés.
déchirés par un tourbillon
on se remet ensemble
vérifie les murs et le plafond à la recherche des fissures
et des éternelles araignées
se demande s’il y aura encore une autre
femme
et maintenant 40 000 mouches courent sur les bras de mon
âme
et chantent
j’ai trouvé un bébé d’un million de dollars
dans une boutique à
5 et 10 sous
les bras de mon âme ?
des mouches ?
qui chantent ?
qu’est-ce que c’est que ces
conneries ?
c’est si facile d’être un poète
et si dur d’être
un homme.
***
Charles Bukowski, Jouer du piano ivre comme d’un instrument à percussion jusqu’à ce que les doigts saignent un peu (traduction française de Michel Lederer / 1992)
Le style est la réponse à tout.
L’approche neuve d’une chose terne et dangereuse.
Mieux vaut faire une chose terne avec du style qu’une chose dangereuse sans style.
Faire une chose dangereuse avec style, c’est ça l’art.
La tauromachie peut être un art.
La boxe peut être un art.
Faire l’amour peut être un art.
Ouvrir une boîte de sardines peut être un art.
Rares sont ceux qui ont du style.
Rares sont ceux qui peuvent le garder.
J’ai vu des chiens avoir plus de style que les hommes.
Bien que peu de chiens aient du style.
Les chats en ont à profusion.
Hemingway se faisant gicler la cervelle contre le mur au calibre 12, ça c’est du style.
Quelquefois les gens vous donnent du style.
Jeanne d’Arc avait du style.
Jean-Baptiste,
Jésus,
Socrate,
César,
Garcia Lorca.
J’ai connu en prison des gens qui avaient du style.
J’en ai connus plus en prison que hors de prison.
Le style, c’est une différence. Une façon de faire, une façon d’être.
Six hérons juchés sur leurs pattes dans un étang…
ou vous, qui sortez nu des chiottes, sans me voir.
***
Charles Bukowski (1920-1994) – Mockingbird, Wish Me Luck (Oiseau moqueur, souhaite-moi bonne chance) (1972)

wants to get out
but I’m too tough for him,
I say, stay in there, I’m not going
to let anybody see
you.
there’s a bluebird in my heart that
wants to get out
but I pour whiskey on him and inhale
cigarette smoke
and the whores and the bartenders
and the grocery clerks
never know that
he’s
in there.
there’s a bluebird in my heart that
wants to get out
but I’m too tough for him,
I say,
stay down, do you want to mess
me up?
you want to screw up the
works?
you want to blow my book sales in
Europe?
there’s a bluebird in my heart that
wants to get out
but I’m too clever, I only let him out
at night sometimes
when everybody’s asleep.
I say, I know that you’re there,
so don’t be
sad.
then I put him back,
but he’s singing a little
in there, I haven’t quite let him
die
and we sleep together like
that
with our
secret pact
and it’s nice enough to
make a man
weep, but I don’t
weep, do
you?
Il y a un rossignol bleu dans mon cœur qui veut sortir mais je suis trop fort pour lui je lui dis reste là je ne laisserai personne te voir
Il y a un rossignol bleu dans mon cœur qui veut sortir mais je l’arrose de whisky et de fumée de cigarettes et les putes, les patrons de bar et les épiciers ne sauront jamais qu’il est là
Il y a un rossignol bleu dans mon cœur qui veut sortir mais je suis trop fort pour lui je lui dis reste tranquille, qu’est-ce que tu veux, foutre le bordel en moi tu veux foutre en l’air mon travail ? tu veux bousiller mes ventes de livres en Europe ?
Il y a un rossignol bleu dans mon cœur qui veut sortir mais je suis trop intelligent, je ne le laisse dehors que certaines nuits à l’heure où tout le monde dort je lui dis, je sais que tu es là, alors ne sois pas si triste
et puis je le fais rentrer mais il chante encore un peu à l’intérieur ; je ne laisse presque pas mourir et on dort ensemble comme ça avec notre pacte secret et c’est assez agréable de faire pleurer un homme, mais moi je ne pleure pas et toi ?
***
Traduction S. Druet
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