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quand j’écris le premier vers
j’ignore tout du deuxième
j’allais dire du second
voici déjà le quatrième
là quatrain c’est le second
il n’y a pas de troisième
les tercets bientôt viendront
si le courage m’entraîne
et je commence un tercet
mû par la nécessité
d’aller au bout du sonnet
au fond ce n’est pas chinois
n’importe qui a le choix
de pratiquer comme moi
***
Jean-Claude Pirotte (1939-2014), Gens sérieux s’abstenir, Ed° Le Castor Astral, 2014
En montagne, le plus court chemin va de sommet en sommet : mais tu dois avoir de longues jambes si tu veux l’emprunter. Il faut que les sentences soient des sommets : et ceux à qui l’on parle, gens de haute taille et d’allure élancée.
Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, partie 1, ch. « de la lecture et de l’écriture »
Pour faire un poème dadaïste
Prenez un journal
Prenez des ciseaux
Choisissez dans ce journal un article ayant la longueur que vous comptez donner à votre poème.
Découpez l’article.
Découpez ensuite avec soin chacun des mots qui forment cet article et mettez-les dans un sac.
Agitez doucement.
Sortez ensuite chaque coupure l’une après l’autre dans l’ordre où elles ont quitté le sac.
Copiez consciencieusement.
Le poème vous ressemblera.
Et vous voici un écrivain infiniment original et d’une sensibilité charmante, encore qu’incomprise du vulgaire.
***
Manifeste sur l’amour faible et l’amour amer. – 1921
Illustration : Dali, Portrait de Mae West en appartement surréaliste
Bon dieu de bon dieu que j’ai envie d’écrire un petit poème.
Tiens, en voilà justement un qui passe
Petit petit petit
Viens ici que je t’enfile
sur le collier de mes autres poèmes
Viens ici que je t’entube
dans le comprimé de mes œuvres complètes
Viens ici que je t’enpapouète
Et que je t’enrime
Et que je t’enrythme
Et que je t’enlyre
Et que je t’enpégase
Et que je t’enverse
Et que je t’enprose
La vache
il a foutu le camp
***
Raymond Queneau, L’Instant fatal, 1948
Je vous écris pour vous dire que j’ai beaucoup aimé votre livre. Et je ne suis pas la seule : à la maison, tout le monde l’a adoré.
Surtout Anita, ma petite sœur. Elle le traîne partout avec elle. Elle couche même avec. Et quand elle prend un bain, elle le jette dans la baignoire. Elle dit que c’est un sous-marin.
Mes parents, eux, l’ont trouvé tellement bien qu’ils en ont acheté chacun une dizaine d’exemplaires. Ils se les envoient à la figure quand ils ont une scène de ménage. Ils disent que c’est mieux que des assiettes parce que ça peut resservir plusieurs fois.
Moi, dans votre livre, ce que je préfère, c’est la page 142. C’est là que j’élève mes asticots pour la pêche. J’ai tartiné toute la page avec du camembert et j’ai attendu que ça moisisse. Les asticots adorent.
Finalement, il n’y a que mon grand-père qui n’aime pas votre livre. C’est de sa faute aussi : il l’a lu. Quelle drôle d’idée !
Avec toute mon admiration.
***
Bernard Friot, Histoires pressées
Philis, je ne suis plus des rimeurs de ce siècle
Qui font pour un sonnet dix jours de cul de plomb
Et qui sont obligés d’en venir aux noms propres
Quand il leur faut rimer ou sur coiffe ou sur poil.
Je n’affecte jamais rime riche ni pauvre,
De peur d’être contraint de suer comme un porc,
Et hais plus que la mort ceux dont l’âme est si faible
Que d’exercer un art qui fait qu’on meurt de froid.
Si je fais jamais vers, qu’on m’arrache les ongles,
Qu’on me traîne au gibet, que j’épouse une vieille,
Qu’au plus fort de l’été je languisse de soif,
Que tous les mardi-gras me soient autant de jeûnes,
Que je ne goûte vin non plus que fait le Turc,
Et qu’au fond de la mer on fasse mon sépulcre.
à Jean COctO | OPOETIC | quels crimes ne cOmmet-On pas en tOn nOm ! |
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…
Il y avait une fOis des pOètes qui parlaient la bOuche en rOnd … Puisque tu prends le tram pOurquOi n’écris-tu pas tramwée |
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Il faut leur assOuplir les | O | s. z h |
enfant |
POESIE |
***
BLAISE CENDRARS, Sonnets dénaturés, 1923.
Image de Martin Vidberg
Ni vu ni connu
Je suis le parfum
Vivant et défunt
Dans le vent venu!
Ni vu ni connu,
Hasard ou génie?
A peine venu
La tâche est finie!
Ni lu ni compris?
Aux meilleurs esprits
Que d’erreurs promises!
Ni vu ni connu,
Le temps d’un sein nu
Entre deux chemises!
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