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je vois passer les nuagesAVT_Jean-Claude-Pirotte_571
les merveilleux nuages
du fond de mon lit-cage
et je voyage je voyage

que sait-on d’un amour d’enfance
pour le ciel et ses nuances
et l’oiseau qui se balance

avec les vents émouvants
que sait-on de l’enfant
qui ne dit rien sinon maman

et tend les mains vers les nuées
jouets de la première année
hochets du monde où il est né
comme s’il était pardonné

***

Jean-Claude Pirotte (1939-2014), Gens sérieux s’abstenir, Ed° Le Castor Astral, 2014

Monsieur,

Je vous écris pour vous dire que j’ai beaucoup aimé votre livre. Et je ne suis pas la seule : à la maison, tout le monde l’a adoré.

Surtout Anita, ma petite sœur. Elle le traîne partout avec elle. Elle couche même avec. Et quand elle prend un bain, elle le jette dans la baignoire. Elle dit que c’est un sous-marin.

Mes parents, eux, l’ont trouvé tellement bien qu’ils en ont acheté chacun une dizaine d’exemplaires. Ils se les envoient à la figure quand ils ont une scène de ménage. Ils disent que c’est mieux que des assiettes parce que ça peut resservir plusieurs fois.

Moi, dans votre livre, ce que je préfère, c’est la page 142. C’est là que j’élève mes asticots pour la pêche. J’ai tartiné toute la page avec du camembert et j’ai attendu que ça moisisse. Les asticots adorent.

Finalement, il n’y a que mon grand-père qui n’aime pas votre livre. C’est de sa faute aussi : il l’a lu. Quelle drôle d’idée !

Avec toute mon admiration.

***

Bernard Friot, Histoires pressées

Fog

…….

There’s a little child
Running round this house
And he never leaves
He will never leave
And the fog comes up
From the sewers and
Glows
In
The dark

…….

Baby alligators
In the sewers
Grow up fast
Grow up fast
Anything you want
It can be
Done
How
Did you go bad ?
Did you go bad ?
Did you go bad ?
Somethings will never wash away
Did you go bad ?
Did you go bad ?

Brume

…….

Il y a un petit enfant
Qui court autour de sa maison
Sans jamais partir
Il ne partira jamais
Et par les égouts
Monte la brume qui
Brille
Dans
Le noir

…….

Dans les égouts
Les bébés alligators
Grandissent vite
Grandissent vite
Tout ce que tu souhaites
Peut devenir
Réel
Comment
En es-tu arrivé là ?
En es-tu arrivé là ?
En es-tu arrivé là ?
Il y a des taches qui ne s’effaceront jamais
En es-tu arrivé là ?
En es-tu arrivé là ?

***

Radiohead, texte de Thom Yorke, traduction maison – la vidéo n’est pas de Radiohead – source photo

Yi Sang est le Rimbaud coréen, en plus moderne. Les quelques poèmes que j’ai trouvés de lui sont écrits dans un style presque algorithmique, tout en défiant les lois les plus élémentaires de la logique.  L’ambiance est parfois assez dérangeante…

13 enfants courent dans une rue.
(une impasse pourrait convenir)

L’enfant N°1 dit qu’il a peur.
L’enfant N°2 aussi dit qu’il a peur.
L’enfant N°3 aussi dit qu’il a peur.
L’enfant N°4 aussi dit qu’il a peur.
L’enfant N°5 aussi dit qu’il a peur.
L’enfant N°6 aussi dit qu’il a peur.
L’enfant N°7 aussi dit qu’il a peur.
L’enfant N°8 aussi dit qu’il a peur.
L’enfant N°9 aussi dit qu’il a peur.
L’enfant N°10 aussi dit qu’il a peur.

L’enfant N°11 dit qu’il a peur.
L’enfant N°12 aussi dit qu’il a peur.
L’enfant N°13 aussi dit qu’il a peur.
Les 13 enfants n’étaient que des enfants
effrayants et effrayés.
(il valait mieux ne pas avoir d’autre situation)

Parmi eux, 1 enfant pourrait être effrayant.
Parmi eux, 2 enfants pourraient être effrayants.
Parmi eux, 2 enfants pourraient être effrayés.
Parmi eux, 1 enfant pourrait être effrayé.

(même une ruelle ouverte pourrait convenir)
Les 13 enfants peuvent ne pas courir dans la rue.

***

Yi Sang, 1910-1937, Perspective à vol de corneille, traduit par Chang-Kyum Kim avec la participation de Claude Mouchard (source)

Salvador Dali, La Métamorphose de Narcisse, 1937

Tout seul, dans mon bureau d’ingénieur, je trace le plan,
je signe le devis, en ce lieu isolé,
éloigné de tout – et de moi-même.

Auprès de moi, accompagnement banalement sinistre,
Le tic-tac crépitant des machines à écrire.
Quelle nausée de la vie !
Quelle abjection, cette régularité…
Quel sommeil, cette façon d’être…

Jadis, quand j’étais autre, il y avait des châteaux et des cavaliers
( images, peut-être, de quelques livres d’enfance ),
jadis, alors que j’étais conforme à mon rêve,
il y avait de grands paysages du Nord, éblouissants de neige,
il y avait de grands palmiers du Sud, opulents de vert.

Jadis.

Auprès de moi, accompagnement banalement sinistre,
Le tic-tac crépitant des machines à écrire.

Nous avons tous deux vies :
la vraie, celle que nous avons rêvée dans notre enfance,
et que nous continuons à rêver, adultes, sur un fond de brouillard ;
la fausse, celle que nous vivons dans nos rapports avec les autres,
qui est la pratique, l’utile,
celle où l’on finit par nous mettre au cercueil.

Dans l’autre il n’y a ni cercueils ni morts,
il n’y a que des images de l’enfance :
de grands livres coloriés, à regarder plutôt qu’à lire ;
de grandes pages de couleurs pour se souvenir plus tard.
Dans l’autre nous sommes nous–mêmes,
dans l’autre nous vivons ;
dans celle–ci nous mourrons, puisque tel est le sens du mot vivre ;
en ce moment, par la nausée, c’est dans l’autre que je vis…

Mais à mes côtés, accompagnement banalement sinistre,
Elève la voix le tic-tac crépitant des machines à écrire.

***

Fernando Pessoa, 19 décembre 1933.

Ce que j’écris :

La phrase qui tue :

Peu m'importe.
Peu m'importe quoi ? Je ne sais 
pas ; peu m'importe.
                    Fernando Pessoa

Classement par auteurs

Haïku !!!

Sans savoir pourquoi
                     j'aime ce monde
   où nous venons mourir___

                 Natsume Sôseki

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