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Elle est debout sur mes paupières
Et ses cheveux sont dans les miens,
Elle a la forme de mes mains,
Elle a la couleur de mes yeux,
Elle s’engloutit dans mon ombre
Comme une pierre sur le ciel.

Elle a toujours les yeux ouverts
Et ne me laisse pas dormir.
Ses rêves en pleine lumière
Font s’évaporer les soleils
Me font rire, pleurer et rire,
Parler sans avoir rien à dire.

 

 


Je la pris près de la rivière
Car je la croyais sans mari
Tandis qu’elle était adultère
Ce fut la Saint-Jacques la nuit
Par rendez-vous et compromis
Quand s’éteignirent les lumières
Et s’allumèrent les cri-cri
Au coin des dernières enceintes
Je touchai ses seins endormis
Sa poitrine pour moi s’ouvrit
Comme des branches de jacinthes
Et dans mes oreilles l’empois
De ses jupes amidonnées
Crissait comme soie arrachée
Par douze couteaux à la fois
Les cimes d’arbres sans lumière
Grandissaient au bord du chemin
Et tout un horizon de chiens
Aboyait loin de la rivière

Quand nous avons franchi les ronces
Les épines et les ajoncs
Sous elle son chignon s’enfonce
Et fait un trou dans le limon
Quand ma cravate fût ôtée
Elle retira son jupon
Puis quand j’ôtai mon ceinturon
Quatre corsages d’affilée
Ni le nard ni les escargots
N’eurent jamais la peau si fine
Ni sous la lune les cristaux
N’ont de lueur plus cristalline
Ses cuisses s’enfuyaient sous moi
Comme des truites effrayées
L’une moitié toute embrasée
L’autre moitié pleine de froid
Cette nuit me vit galoper
De ma plus belle chevauchée
Sur une pouliche nacrée
Sans bride et sans étriers

Je suis homme et ne peux redire
Les choses qu’elle me disait
Le clair entendement m’inspire
De me montrer fort circonspect
Sale de baisers et de sable
Du bord de l’eau je la sortis
Les iris balançaient leur sabre
Contre les brises de la nuit
Pour agir en pleine droiture
Comme fait un loyal gitan
Je lui fis don en la quittant
D’un beau grand panier à couture
Mais sans vouloir en être épris
Parce qu’elle était adultère
Et se prétendait sans mari
Quand nous allions vers la rivière

comme une aile noire j’ai déployé ma chevelure
sur tes genoux.

Fermant les yeux tu as humé son odeur,
et tu m’as demandé alors :

« Dors tu sur des pierres couvertes de mousse ?
Attaches tu tes tresses avec des branches de saules?
Ton coussin est il fait de trèfle ? Ta chevelure est elle si noire
parce que tu y as ecrasé un épais et sombre jus de baies sauvages ?
Quel parfum étrange et frais t’entoures !
Tu sens les ruisselets, la terre, les forêts.
Quel parfum utilises tu ? » Et en riant je t’ai dit :

« Aucun, aucun, aucun !
Je t’aime et je suis jeune, je sens le printemps.
Cette odeur que tu sens est celle d’une chair ferme,
de joues claires et du sang neuf.
Je te veux et je suis jeune, voilà pourquoi j’ai
les mêmes parfums que le printemps !  »

***

Traduction de Racbouni

Salammbô, princesse de Carthage, se livre à un hymne à Tanit, déesse de la Lune entre autres…

Mais elle releva la tête pour contempler la lune, et, mêlant à ses paroles des fragments d’hymne, elle murmura :
– « Que tu tournes légèrement, soutenue par l’éther impalpable ! Il se polit autour de toi, et c’est le mouvement de ton agitation qui distribue les vents et les rosées fécondes. Selon que tu croîs et décrois, s’allongent ou se rapetissent les yeux des chats et les taches des panthères. Les épouses hurlent ton nom dans la douleur des enfantements ! Tu gonfles le coquillage ! Tu fais bouillonner les vins ! Tu putréfies les cadavres ! Tu formes les perles au fond de la mer ! »
– « Et tous les germes, ô Déesse ! fermentent dans les obscures profondeurs de ton humidité. »
– « Quand tu parais, il s’épand une quiétude sur la terre ; les fleurs se forment, les flots s’apaisent, les hommes fatigués s’étendent la poitrine vers toi, et le monde avec ses océans et ses montagnes, comme en un miroir, se regarde dans ta figure. Tu es blanche, douce, lumineuse, immaculée, auxiliatrice, purifiante, sereine. »
Le croissant de la lune était alors sur la montagne des Eaux-Chaudes, dans l’échancrure de ses deux sommets, de l’autre côté du golfe. Il y avait en dessous une petite étoile et tout autour un cercle pâle. Salammbô reprit :
– « Mais tu es terrible, maîtresse ! … C’est par toi que se produisent les monstres, les fantômes effrayants, les songes menteurs ; tes yeux dévorent les pierres des édifices, et les singes sont malades toutes les fois que tu rajeunis. »
– « Où donc vas-tu ? Pourquoi changer tes formes, perpétuellement ? Tantôt mince et recourbée, tu glisses dans les espaces comme une galère sans mâture, ou bien au milieu des étoiles tu ressembles à un pasteur qui garde son troupeau. Luisante et ronde, tu frôles la cime des monts comme la roue d’un char. »
– « O Tanit ! tu m’aimes, n’est-ce pas ? Je t’ai tant regardée ! Mais non ! tu cours dans ton azur, et moi je reste sur la terre immobile. »

***

 

Gustave FLAUBERT (1821-1880), Salammbô (1862), Chapitre III, Salammbô : Prière à Tanit

Tableau de Juan Miro, Lune Verte,

La femme cependant, de sa bouche de fraise,
En se tordant ainsi qu’un serpent sur la braise,
Et pétrissant ses seins sur le fer de son busc,
Laissait couler ces mots tout imprégnés de musc :
 » Moi, j’ai la lèvre humide, et je sais la science
De perdre au fond d’un lit l’antique conscience.
Je sèche tous les pleurs sur mes seins triomphants,
Et fais rire les vieux du rire des enfants.
Je remplace, pour qui me voit nue et sans voiles,
La lune, le soleil, le ciel et les étoiles !
Je suis, mon cher savant, si docte aux Voluptés,
Lorsque j’étouffe un homme en mes bras redoutés,
Ou lorsque j’abandonne aux morsures mon buste,
Timide et libertine, et fragile et robuste,
Que sur ces matelas qui se pâment d’émoi,
Les anges impuissants se damneraient pour moi ! « 

Quand elle eut de mes os sucé toute la moelle,
Et que languissamment je me tournai vers elle
Pour lui rendre un baiser d’amour, je ne vis plus
Qu’une outre aux flancs gluants, toute pleine de pus !
Je fermai les deux yeux, dans ma froide épouvante,
Et quand je les rouvris à la clarté vivante,
A mes côtés, au lieu du mannequin puissant
Qui semblait avoir fait provision de sang,
Tremblaient confusément des débris de squelette,
Qui d’eux-mêmes rendaient le cri d’une girouette
Ou d’une enseigne, au bout d’une tringle de fer,
Que balance le vent pendant les nuits d’hiver.

Le Vampire ou Amour et douleur, Munch

A Edith

Les mères vous font en saignant
Et vous tiennent toute la vie
Par un ruban de chair à vif
On est élevé dans des cages
On vit en mâchant des morceaux
De seins arrachés en saignant
Qu’on accroche au bord des berceaux
On a du sang sur tout le corps
Et comme on n’aime pas le voir
On fait couler celui des autres
Un jour, il n’y en aura plus
On sera libres.

Photo : La Vie en Rouge, Sabina Shikhlinskaya

Elles lacent leur sensualité dans des frissons de robe.
…………
Il y a les tissus-cuisses,
les tissus-seins,
les tissus-fesses,
les tissus-tailles,
les tissus-hanches,
les tissus-pinces,
les tissus de l’ampleur qui sont l’entrée promise,

il y a les durs tissus-pubis, carénés, ostensibles.

Elles sont l’œcuménisme des foules ;
faites pour être communiées,
conduites entre les glaives,
jugées et condamnées,
souffletées, flagellées,
bardelinées d’épines et cassées sous nos croix.
Elles sont le noir reflux d’une vieille démence.
Les dimanches de la Passion.

Je les crucifie flegmatiquement dans mon œil.

Ne quiers* voir la beauté d’Absalon
Ni d’Ulyssès le sens et la faconde*,
Ni éprouver la force de Samson,
Ni regarder que Dalila le tonde,
Ni cure n’ai par nul tour
Des yeux Argus ni de joie gringnour*,
Car pour plaisance et sans aÿde d’âme
Je vois assez, puisque je vois ma dame.

De l’image que fit Pygmalion
Elle n’avait pareille ni seconde ;
Mais la belle qui m’a en sa prison
Cent mille fois est plus belle et plus monde* :
C’est un droit fluns* de douceur
Qui peut et sait guérir toute douleur ;
Dont cil a tort qui de dire me blâme :
Je vois assez, puisque je vois ma dame.

Si* ne me chaut* du sens de Salomon,
Ni que Phoebus en termine ou réponde,
Ni que Vénus s’en mêle ni Mennon
Que Jupiter fit muer en aronde,
Car je dis, quand je l’adore,
Aime et désir’, sert et crains et honore,
Et que s’amour sur toute rien m’enflamme,
Je vois assez, puisque je vois ma dame.

***

(Je) ne quiers : je ne veux pas
faconde : éloquence
gringnor : plus grande
monde : pure
fluns : fleuve, flux
Si : ainsi
(il) ne me chaut : je ne me préoccupe pas

Ni vu ni connu
Je suis le parfum
Vivant et défunt
Dans le vent venu!

Ni vu ni connu,
Hasard ou génie?
A peine venu
La tâche est finie!

Ni lu ni compris?
Aux meilleurs esprits
Que d’erreurs promises!

Ni vu ni connu,
Le temps d’un sein nu
Entre deux chemises!

(source photo)

Avant hier, c’était la Gay Pride : pour marquer le coup, un petit poème de Sappho…

Envers vous, belles, ma pensée n’est point changeante.
Je ne change point, ô vierges de Lesbos !
Lorsque je poursuis la Beauté fugitive,
Tel le Dieu chassant une vierge au peplos*
Très blanc sur la rive.
Je n’ai point trahi l’invariable amour.
Mon coeur identique et mon âme pareille
Savent retrouver, dans le baiser d’un jour,
Celui de la veille.
Et j’étreins Atthis* sur les seins de Dika.
J’appelle en pleurant, sur le seuil de sa porte,
L’ombre, que longtemps ma douleur invoque,
De Timas la morte.
Pour l’Aphrodita j’ai dédaigné l’Eros,
Et je n’ai de joie et d’angoisse qu’en elle :
Je ne change point, ô vierges de Lesbos,
Je suis éternelle.

***

Sappho, environ VIIe siècle avant JC
*péplos : tunique des femmes grecques
Atthis : jeune femme disciple de Sappho, dont la poétesse était amoureuse, mais qui dut quitter l’école pour être mariée. Il semble que le poème lui soit dédié.

Tableau : Klimt, Jeunes femmes

Ce que j’écris :

La phrase qui tue :

Peu m'importe.
Peu m'importe quoi ? Je ne sais 
pas ; peu m'importe.
                    Fernando Pessoa

Classement par auteurs

Haïku !!!

Sans savoir pourquoi
                     j'aime ce monde
   où nous venons mourir___

                 Natsume Sôseki

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