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J’aime bien ce texte, même s’il est un peu étrange : après l’introduction, tout est écrit en jeux de mots sur les stations parisiennes. Un vrai rap oulipo !
« -Monsieur s’il vous plait, est-ce que vous auriez votre ticket de transport ?
-Roh ça va tu vas pas me faire chier ! Non ben j’ai pas d’ticket, et alors ?
Elle est pas belle la vie ? Moi j’rentre comme ça… «
Fini les cocktails Malakoff, les idées de Marx, J’Dormoy
Tu rames Buttes alors Chaumont plutôt qu’faire Levallois
Ou L’volontaire, pour l’Ecole Militaire y’a maldonne
Plutôt crever qu’donner sa Sève à Babylone.
Ca s’Passy, ça t’Férino Plassy
Tu vois une Belle Porte quand Jacques le Bonsergent Gare sa Bagnolet d’vant ma
Porte d’Orléans… merdeur, un flic Ternes sans odeur
Raconte un Monceau d’Clichy que tout le monde connaît Pasteur.
On s’en bat Marcel on a l’Bérault les Billancourt-celles
Qui font les Iéna, les cartons d’Vavin souhaitent la Bienvenüe à
Montparnasse, faut qu’j’vide mes bourses Rue de la Pompe
Mon Piquet dans ta Motte Montgallet dans tes trompes
Ta Châtelet, pourrie sent la Poissonnière
C’est d’la Charenton, c’est pas du Luxembourg, Fille du calvaire !
J’ai attrapé d’l’Exelmans, c’est Denfert
J’prends l’Chemin Vert au lieu Trocadéro à Blanche j’respire le Bel-Air
Change de commerce, t’ont Clignancourt dans ta Cité,
Pour Wagram de hashich Parmentier, pour cacher le Havre,
Pour Caumartin, monter jusqu’aux Champs-Elysées
Pour Comatec sur la grande arche de La Défonce
Alors laisse-toi Bercy par le rythme saccadé
Ma musique s’est perdue dans les couloirs ?
T’es sur l’bon rail en Dupleix du Quai de la Rapée,
Odéon joue nos vies, c’est Saint-Lazare…
Laisse-toi Bercy…
Hey, oh, quoi, hein ?
Ramène pas ton Kléber, me cherche pas les Tuileries
Joue pas les Raspail à c’petit jeu Gabriel Péri.
Tu dis qu’t’es Foch, t’as pas Saint-Cloud,
Mon Neuilly, ça s’voit sur ta gueule que tu Porte le Maillot d’Auteuil.
Me fais pas Gobelins Censier d’la Dauben(Bâ)ton
Comme des Picpus-ckets on va t’Barbès tes Louis Blanc
Choisy-le-roi moi j’Bourg-la-Reine, Port Royal
T’as voulu la Couronnes ? Maintenant tu peux toujours tracer à Varenne, Charonne !
Voltaire part sous la Guillotine
On t’retrouvera à Bastille pas le temps de t’exiler à Argentine.
Pantin ! J’vais t’Dugommier t’emBrochant à La Fourche Hoche la teuté
Au Saint-Sulplice c’est un Crimée Sentier, oui on sait c’que tu Vaugirard-ment vu Pyrénées-rgumène
T’es condamné à errer dans l’Marais et faire la drag-Rennes.
T’auras beau mettre la Réaumur-Sébastopol
Tu t’feras prendre à l’Anvers à la station anus par Saint-Paul
Abbesses le froc Gambetta !
Il te met son Jourdain son Ménilmontant c’est Duroc
Tout droit dans l’Haussmann t’as l’Daumesnil la Clichy tu gémis
T’es Invalides t’as l’trou de Balard en fer, Mai(s j’)rie d’Issy
Va t’faire Masséna par Edgar le Quinet
Faut qu’on t’Opéra, trop tard t’es Saint-Maur et j’Porte des Lilas,
Sur ton Corvisart, direction Père Lachaise
Sablons le Champerret, criant au nom d’la Ligne 13
Voici quelques petites pièces qui ont la particularité de ne rimer que pour les yeux… L’auteur commente en italique.
[…] L’un de mes amis, sourd-muet de naissance (et très probablement, aussi, de mort), a la rage de confectionner des poèmes.
Je lui ai toujours caché l’affreuse vérité, mais à vous j’aime mieux vous la dire parce que vous allez immanquablement vous en apercevoir (à moins d’être fort pris de boisson), ses vers ne riment pas […] :
L’homme insulté‚ qui se retient
Est, à coup sûr, doux et patient.
Par contre, l’homme à l’humeur aigre
Gifle celui qui le dénigre.
Moi, je n’agis qu’à bon escient :
Mais, gare aux fâcheux qui me scient !
Qu’ils soient de Château-l’Abbaye
Ou nés à Saint-Germain-en-Laye,
Je les rejoins d’où qu’ils émanent,
Car mon courroux est permanent.
Ces gens qui se croient des Shakespeares
Ou rois des îles Baléares !
Qui, tels des condors, se soulèvent !
Mieux vaut le moindre engoulevent.
Par le diable, sans être un aigle,
Je vois clair et ne suis pas bigle.
Fi des idiots qui balbutient !
Gloire au savant qui m’entretient !
***
Etonnant le jury par sa science en dolmens
Le champion de footing du collège de Mens,
Gars aux vaillants mollets, durs tel l’acier de Siemens,
A passé l’autre jour de brillants examens.
Que je sois foudroyé sur l’heure, si je mens !
In corpore sano, vive Dieu ! sana mens.
PS : J’entends murmurer quelques personnes dans l’assistance et prétendre que sur ces six vers, pas un ne rime. Ne vous ai-je point prévenu que ce petit poème était dû à M. Xavier Roux, le poète sourd-muet de Grenoble ?
En matière de rimes, les sourds, comme l’indique leur nom, ne connaissent que d’ophtalmiques satisfactions.
***
Les gens de la maison Dubois, à Bone, scient
Dans la froide saison, du bois à bon escient.
(C’est vraiment triste, pour deux vers, d’avoir les vingt-deux
dernières lettres pareilles, et de ne pas arriver à rimer.)
***
Alphonse Allais, Par les bois du Djinn, Parle et bois du gin, poésies complètes, Gallimard.
Bon dieu de bon dieu que j’ai envie d’écrire un petit poème.
Tiens, en voilà justement un qui passe
Petit petit petit
Viens ici que je t’enfile
sur le collier de mes autres poèmes
Viens ici que je t’entube
dans le comprimé de mes œuvres complètes
Viens ici que je t’enpapouète
Et que je t’enrime
Et que je t’enrythme
Et que je t’enlyre
Et que je t’enpégase
Et que je t’enverse
Et que je t’enprose
La vache
il a foutu le camp
***
Raymond Queneau, L’Instant fatal, 1948
Ah ! non ! c’est un peu court, jeune homme !
On pouvait dire… Oh ! Dieu !… Bien des choses en somme.
En variant le ton, par exemple, tenez :
Agressif : « Moi, monsieur, si j’avais un tel nez
Il faudrait sur-le-champ que je l’amputasse ! »
Amical : « Mais il doit tremper dans votre tasse :
Pour boire, faites-vous fabriquer un Hanape ! »
Descriptif : « C’est un roc!… C’est un pic!… C’est un cap!…
Que dis-je, c’est un cap?… C’est une péninsule! »
Curieux : « De quoi sert cette oblongue capsule ?
D’écritoire, monsieur, ou de boîte à ciseaux ? »
Gracieux : « Aimez-vous à ce point les oiseaux
Que paternellement vous vous préoccupâtes
De tendre ce perchoir à leurs petites pattes? »
Truculent : « Ca, monsieur, lorsque vous pétunez,
La vapeur du tabac vous sort-elle du nez
Sans qu’un voisin ne crie au feu de cheminée ? »
Prévenant : « Gardez-vous, votre tête entraînée
Par ce poids, de tomber en avant sur le sol ! »
Tendre : « Faites-lui faire un petit parasol
De peur que sa couleur au soleil ne se fane ! »
Pédant : « L’animal seul, monsieur, qu’Aristophane
Appelle Hippocampéléphantocamélos
Dut avoir sous le front tant de chair sur tant d’os ! »
Cavalier : « Quoi, l’ami, ce croc est à la mode?
Pour pendre son chapeau, c’est vraiment très commode ! »
Emphatique : « Aucun vent ne peut, nez magistral,
T’enrhumer tout entier, excepté le mistral ! »
Dramatique : « C’est la mer Rouge quand il saigne ! »
Admiratif : « Pour un parfumeur, qu’elle enseigne ! »
Lyrique : « Est-ce une conque, êtes-vous un triton ? »
Naïf : « Ce monument, quand le visite-t-on ? »
Respectueux : « Souffrez, monsieur, qu’on vous salue,
C’est là ce qui s’appelle avoir pignon sur rue ! »
Campagnard : « Hé, ardé ! C’est-y un nez ? Nanain !
c’est queuqu’navet géant ou ben queuqu’melon nain ! »
Militaire : « Pointez contre cavalerie ! »
Pratique : « Voulez-vous le mettre en loterie ?
Assurément, monsieur, ce sera le gros lot ! »
Enfin parodiant Pyrame en un sanglot:
« Le voilà donc ce nez qui des traits de son maître
A détruit l’harmonie ! Il en rougit, le traître ! »
– Voila ce qu’à peu près, mon cher, vous m’auriez dit
Si vous aviez un peu de lettres et d’esprit :
Mais d’esprit, ô le plus lamentable des êtres,
Vous n’en eûtes jamais un atome, et de lettre
Vous n’avez que les trois qui forment le mot : sot !
Eussiez vous eu, d’ailleurs, l’invention qu’il faut
Pour pouvoir là, devant ces nobles galeries,
Me servir toutes ces folles plaisanteries,
Que vous n’en eussiez pas articulé le quart
De la moitié du commencement d’une, car
Je me les sers moi-même, avec assez de verve,
Mais je ne permet pas qu’un autre me les serve.
Moi, je vis la vie à côté,
Pleurant alors que c’est la fête.
Les gens disent : « Comme il est bête ! »
En somme, je suis mal coté.
J’allume du feu dans l’été,
Dans l’usine je suis poète ;
Pour les pitres je fais la quête.
Qu’importe ! J’aime la beauté.
Beauté des pays et des femmes,
Beauté des vers, beauté des flammes,
Beauté du bien, beauté du mal.
J’ai trop étudié les choses ;
Le temps marche d’un pas normal ;
Des roses, des roses, des roses !
***
Charles Cros, in Le Collier de griffes, 1908
Pleurant alors que c’est la fête.
Les gens disent : Comme il est bête!
En somme, je suis mal coté. J’allume du feu dans l’été,
Dans l’usine je suis poète ;
Pour les pitres je fais la quête.
Qu’importe ! J’aime la beauté. Beauté des pays et des femmes,
Beauté des vers, beauté des flammes,
Beauté du bien, beauté du mal.
J’ai trop étudié les choses ;
Le temps marche d’un pas normal;
Des roses, des roses, des roses !
- Madame, quel est votre mot
- Et sur le mot et sur la chose ?
- On vous a dit souvent le mot,
- On vous a souvent fait la chose.
- Ainsi, de la chose et du mot
- Pouvez-vous dire quelque chose.
- Et je gagerai que le mot
- Vous plaît beaucoup moins que la chose !
-
- Pour moi, voici quel est mon mot
- Et sur le mot et sur la chose.
- J’avouerai que j’aime le mot,
- J’avouerai que j’aime la chose.
- Mais, c’est la chose avec le mot
- Et c’est le mot avec la chose ;
- Autrement, la chose et le mot
- À mes yeux seraient peu de chose.
- Je crois même, en faveur du mot,
- Pouvoir ajouter quelque chose,
- Une chose qui donne au mot
- Tout l’avantage sur la chose :
- C’est qu’on peut dire encor le mot
- Alors qu’on ne peut plus la chose…
- Et, si peu que vaille le mot,
- Enfin, c’est toujours quelque chose !
-
- De là, je conclus que le mot
- Doit être mis avant la chose,
- Que l’on doit n’ajouter un mot
- Qu’autant que l’on peut quelque chose
- Et que, pour le temps où le mot
- Viendra seul, hélas, sans la chose,
- Il faut se réserver le mot
- Pour se consoler de la chose !
- Pour vous, je crois qu’avec le mot
- Vous voyez toujours autre chose :
- Vous dites si gaiement le mot,
- Vous méritez si bien la chose,
- Que, pour vous, la chose et le mot
- Doivent être la même chose…
- Et, vous n’avez pas dit le mot,
- Qu’on est déjà prêt à la chose.
-
- Mais, quand je vous dis que le mot
- Vaut pour moi bien plus que la chose
- Vous devez me croire, à ce mot,
- Bien peu connaisseur en la chose !
- Eh bien, voici mon dernier mot
- Et sur le mot et sur la chose :
- Madame, passez-moi le mot…
- Et je vous passerai la chose !
Fragornard – Le verrou, 1778
Philis, je ne suis plus des rimeurs de ce siècle
Qui font pour un sonnet dix jours de cul de plomb
Et qui sont obligés d’en venir aux noms propres
Quand il leur faut rimer ou sur coiffe ou sur poil.
Je n’affecte jamais rime riche ni pauvre,
De peur d’être contraint de suer comme un porc,
Et hais plus que la mort ceux dont l’âme est si faible
Que d’exercer un art qui fait qu’on meurt de froid.
Si je fais jamais vers, qu’on m’arrache les ongles,
Qu’on me traîne au gibet, que j’épouse une vieille,
Qu’au plus fort de l’été je languisse de soif,
Que tous les mardi-gras me soient autant de jeûnes,
Que je ne goûte vin non plus que fait le Turc,
Et qu’au fond de la mer on fasse mon sépulcre.
à Jean COctO | OPOETIC | quels crimes ne cOmmet-On pas en tOn nOm ! |
|
…
Il y avait une fOis des pOètes qui parlaient la bOuche en rOnd … Puisque tu prends le tram pOurquOi n’écris-tu pas tramwée |
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Il faut leur assOuplir les | O | s. z h |
enfant |
POESIE |
***
BLAISE CENDRARS, Sonnets dénaturés, 1923.
Image de Martin Vidberg
Notre paire quiète, ô yeux !
que votre « non » soit sang (t’y fier ?)
que votre araignée rie,
que votre vol honteux soit fête (au fait)
sur la terre (commotion).
Donnez-nous, aux joues réduites,
notre pain quotidien.
Part, donnez-nous, de nos oeufs foncés,
comme nous part donnons
à ceux qui nous ont offensés.
Nounou laissez-nous succomber à la tentation
et d’aile ivrez-nous du mal.
***
Doukipudonktan, se demanda Gabriel excédé. Pas possible, ils ne se nettoient jamais. Dans le journal, on dit qu’il y a pas onze pour cent des appartements à Paris qui ont des salles de bains, ça m’étonne pas, mais on peut se laver sans. Tous ceux-là qui m’entourent, ils doivent pas faire de grands efforts. d’un autre côté, c’est tout de même pas un choix parmi les plus crasseux de Paris. Y a pas de raison. C’est le hasard qui les a réunis. On peut pas supposer que les gens qu’attendent à la gare d’Austerliz sentent plus mauvais que ceux qu’attendent à la gare de Lyon. Non, vraiment, y a pas de raison. Tout de même quelle odeur.
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