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– […] Qu’est-ce que signifie « apprivoiser »?
-C’est une chose trop oubliée, dit le renard. Ca signifie « Créer des liens… »
-Créer des liens?
-Bien sûr,dit le renard. Tu n’es encore pour moi qu’un petit garçon tout semblable à cent mille petits garçons. Et je n’ai pas besoin de toi. Et tu n’as pas besoin de moi non plus. Je ne suis pour toi qu’un renard semblable à cent mille renards. Mais, si tu m’apprivoises, nous aurons besoin l’un de l’autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde…
-Je commence à comprendre, dit le petit prince. Il y a une fleur… je crois qu’elle m’a apprivoisé…
-C’est possible, dit le renard. On voit sur la Terre toutes sortes de choses…
-Oh! ce n’est pas sur la Terre, dit le petit prince. Le renard parut très intrigué :
-Sur une autre planète ?
-Oui.
-Il y a des chasseurs sur cette planète-là ?
-Non.
-Ca, c’est intéressant! Et des poules ?
-Non.
-Rien n’est parfait, soupira le renard.
Mais le renard revint à son idée :
-Ma vie est monotone. Je chasse les poules, les hommes me chassent. Toutes les poules se ressemblent, et tous les hommes se ressemblent. Je m’ennuie donc un peu. Mais si tu m’apprivoises, ma vie sera comme ensoleillée. Je connaîtrai un bruit de pas qui sera différent de tous les autres. Les autres pas me font rentrer sous terre. Le tien m’appelera hors du terrier, comme une musique. Et puis regarde! Tu vois, là-bas, les champs de blé? Je ne mange pas de pain. Le blé pour moi est inutile. Les champs de blé ne me rappellent rien. Et ça, c’est triste! Mais tu as des cheveux couleur d’or. Alors ce sera merveilleux quand tu m’auras apprivoisé! Le blé, qui est doré, me fera souvenir de toi. Et j’aimerai le bruit du vent dans le blé…
Le renard se tut et regarda longtemps le petit prince :
-S’il te plaît… apprivoise-moi! dit-il.
-Je veux bien, répondit le petit prince, mais je n’ai pas beaucoup de temps. J’ai des amis à découvrir et beaucoup de choses à connaître.
-On ne connaît que les choses que l’on apprivoise, dit le renard. Les hommes n’ont plus le temps de rien connaître. Il achètent des choses toutes faites chez les marchands. Mais comme il n’existe point de marchands d’amis, les hommes n’ont plus d’amis. Si tu veux un ami, apprivoise-moi!
-Que faut-il faire? dit le petit prince.
-Il faut être très patient, répondit le renard. Tu t’assoiras d’abord un peu loin de moi, comme ça, dans l’herbe. Je te regarderai du coin de l’oeil et tu ne diras rien. Le langage est source de malentendus. Mais, chaque jour, tu pourras t’asseoir un peu plus près…
Le lendemain revint le petit prince.
-Il eût mieux valu revenir à la même heure, dit le renard. Si tu viens, par exemple, à quatre heures de l’après-midi, dès trois heures je commencerai d’être heureux. Plus l’heure avancera, plus je me sentirai heureux. À quatre heures, déjà, je m’agiterai et m’inquiéterai; je découvrira le prix du bonheur! Mais si tu viens n’importe quand, je ne saurai jamais à quelle heure m’habiller le coeur… il faut des rites.
-Qu’est-ce qu’un rite? dit le petit prince.
-C’est quelque chose trop oublié, dit le renard. C’est ce qui fait qu’un jour est différent des autres jours, une heure, des autres heures. Il y a un rite, par exemple, chez mes chasseurs. Ils dansent le jeudi avec les filles du village. Alors le jeudi est jour merveilleux! Je vais me promener jusqu’à la vigne. Si les chasseurs dansaient n’importe quand, les jours se ressembleraient tous, et je n’aurais point de vacances.
Ainsi le petit prince apprivoisa le renard. Et quand l’heure du départ fut proche:
-Ah! dit le renard… je pleurerai.
-C’est ta faute, dit le petit prince, je ne te souhaitais point de mal, mais tu as voulu que je t’apprivoise…
-Bien sûr, dit le renard.
-Mais tu vas pleurer! dit le petit prince.
-Bien sûr, dit le renard.
-Alors tu n’y gagnes rien!
-J’y gagne, dit le renard, à cause de la couleur du blé.
Puis il ajouta :
-Va revoir les roses. Tu comprendras que la tienne est unique au monde. Tu reviendras me dire adieu, et je te ferai cadeau d’un secret.
Le petit prince s’en fut revoir les roses.
-Vous n’êtes pas du tout semblables à ma rose, vous n’êtes rien encore, leur dit-il. Personne ne vous a apprivoisées et vous n’avez apprivoisé personne. Vous êtes comme était mon renard. Ce n’était qu’un renard semblable à cent mille autres. Mais j’en ai fait mon ami, et il est maintenant unique au monde.
Et les roses étaient gênées.
-Vous êtes belles mais vous êtes vides, leur dit-il encore. On ne peut pas mourir pour vous. Bien sûr, ma rose à moi, un passant ordinaire croirait qu’elle vous ressemble. Mais à elle seule elle est plus importante que vous toutes, puisque c’est elle que j’ai arrosée. Puisque c’est elle que j’ai abritée par le paravent. Puisque c’est elle dont j’ai tué les chenilles (sauf les deux ou trois pour les papillons). Puisque c’est elle que j’ai écouté se plaindre, ou se vanter, ou même quelquefois se taire. Puisque c’est ma rose.
Et il revint vers le renard :
-Adieu, dit-il…
-Adieu, dit le renard. Voici mon secret. Il est très simple : on ne voit bien qu’avec le coeur. L’essentiel est invisible pour les yeux.
-L’essentiel est invisible pour les yeux, répéta le petit prince, afin de se souvenir.
-C’est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante.
-C’est le temps que j’ai perdu pour ma rose… fit le petit prince, afin de se souvenir.
-Les hommes ont oublié cette vérité, dit le renard. Mais tu ne dois pas l’oublier. Tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé. Tu es responsable de ta rose…
-Je suis responsable de ma rose… répéta le petit prince, afin de se souvenir.

Vous êtes-vous jamais demandé comment était né le Père Noël, et d’où venaient les rennes, le traîneau et les lutins qui avaient transformé les très pieux Saint Nicolas en personnage de conte de fées tout ce qu’il y a de plus païen ? Eh bien paraît-il que cela viendrait de ce poème écrit en 1822 par un pasteur new-yorkais.

C’était la nuit de Noël, un peu avant minuit,

A l’heure où tout est calme, même les souris.

On avait pendu nos bas devant la cheminée,

Pour que le Père Noël les trouve dès son arrivée.

Blottis bien au chaud dans leurs petits lits,

Les enfants sages s’étaient déjà endormis.

Maman et moi, dans nos chemises de nuit,

Venions à peine de souffler la bougie,

Quand au dehors, un bruit de clochettes,

Me fit sortir d’un coup de sous ma couette.

Filant comme une flèche vers la fenêtre,

Je scrutais tout là haut le ciel étoilé.

Au dessus de la neige, la lune étincelante,

Illuminait la nuit comme si c’était le jour.

Je n’en crus pas mes yeux quand apparut au loin,

Un traîneau et huit rennes pas plus gros que le poing,

Dirigés par un petit personnage enjoué :

C’était le Père Noël je le savais.

Ses coursiers volaient comme s’ils avaient des ailes.

Et lui chantait, afin de les encourager :

 » Allez Tornade !, Allez Danseur ! Allez , Furie et Fringuant !

En avant Comète et Cupidon ! Allez Eclair et Tonnerre !

Tout droit vers ce porche, tout droit vers ce mur !

Au galop au galop mes amis ! au triple galop ! « 

Pareils aux feuilles mortes, emportées par le vent,

Qui montent vers le ciel pour franchir les obstacles ,

Les coursiers s’envolèrent, jusqu’au dessus de ma tête,

Avec le traîneau, les jouets et même le Père Noël.

Peu après j’entendis résonner sur le toit

Le piétinement fougueux de leurs petits sabots.

Une fois la fenêtre refermée, je me retournais,

Juste quand le Père Noël sortait de la cheminée.

Son habit de fourrure, ses bottes et son bonnet,

Etaient un peu salis par la cendre et la suie.

Jeté sur son épaule, un sac plein de jouets,

Lui donnait l’air d’un bien curieux marchand.

Il avait des joues roses, des fossettes charmantes,
Un nez comme une cerise et des yeux pétillants,

Une petite bouche qui souriait tout le temps,
Et une très grande barbe d’un blanc vraiment immaculé.

De sa pipe allumée coincée entre ses dents,
Montaient en tourbillons des volutes de fumée.

Il avait le visage épanoui, et son ventre tout rond

Sautait quand il riait, comme un petit ballon.

Il était si dodu, si joufflu, cet espiègle lutin,

Que je me mis malgré moi à rire derrière ma main.

Mais d’un clin d’oeil et d’un signe de la tête,

Il me fit comprendre que je ne risquais rien.

Puis sans dire un mot, car il était pressé,

Se hâta de remplir les bas, jusqu’au dernier,

Et me salua d’un doigt posé sur l’aile du nez,

Avant de disparaître dans la cheminée.

Je l’entendis ensuite siffler son bel équipage.

Ensemble ils s’envolèrent comme une plume au vent.

Avant de disparaître le Père Noël cria :
 » Joyeux Noël à tous et à tous une bonne nuit ! »

***

‘Twas the night before Christmas, when all through the house

Not a creature was stirring, not even a mouse;The stockings were hung by the chimney with care,

In hopes that St. Nicholas soon would be there;

The children were nestled all snug in their beds,

While visions of sugar-plums danced in their heads;

And mamma in her ‘kerchief, and I in my cap,

Had just settled down for a long winter’s nap,

When out on the lawn there arose such a clatter,

I sprang from the bed to see what was the matter.

Away to the window I flew like a flash,

Tore open the shutters and threw up the sash,

The moon on the breast of the new-fallen snow

Gave the lustre of mid-day to objects below,

When what to my wondering eyes should appear,

But a miniature sleigh, and eight tiny reindeer,

With a little, old driver so lively and quick,

I knew in a moment it must be St. Nick.

More rapid than eagles his coursers they came,

And he whistled, and shouted, and called them by name;

« Now, Dasher! Now, Dancer! Now, Prancer and Vixen

On, Comet! On, Cupid! On, Donder and Blitzen!

To the top of the porch! To the top of the wall!

Now dash away! Dash away! Dash away all! »

As dry leaves that before the wild hurricane fly,

When they meet with an obstacle, mount to the sky,

So up to the house-top the coursers they flew,

With a sleigh full of toys, and St. Nicholas, too.

And then, in a twinkling, I heard on the roof

The prancing and pawing of each little hoof.

As I drew in my head, and was turning around,

Down the chimney St. Nicholas came with a bound.

He was dressed all in fur, from his head to his foot,

And his clothes were all tarnished with ashes and soot;

A bundle of toys he had flung on his back,

And he looked like a peddler just opening his pack.

His eyes, how they twinkled! His dimples how merry!

His cheeks were like roses, his nose like a cherry!

His droll little mouth was drawn up like a bow,

And the beard on his chin was as white as the snow;

The stump of a pipe he held tight in his teeth,

And the smoke it encircled his head like a wreath;

He had a broad face and a little round belly,

That shook when he laughed like a bowlful of jelly.

He was chubby and plump, a right jolly old elf,

And I laughed when I saw him, in spite of myself;

A wink of his eye and a twist of his head,

Soon gave me to know I had nothing to dread;

He spoke not a word, but went straight to his work,

And filled all the stocking; then turned with a jerk,

And laying his finger aside of his nose,

And giving a nod, up the chimney he rose;

He sprang to his sleigh, to his team gave a whistle,

And away they all flew like the down of a thistle.

But I heard him exclaim, ere he drove out of sight,

Happy christmas to all and to all a good night !

Clown admirable, en vérité !
Je crois que la postérité,
Dont sans cesse l’horizon bouge,
Le reverra, sa plaie au flanc.
Il était barbouillé de blanc,
De jaune, de vert et de rouge.

Même jusqu’à Madagascar
Son nom était parvenu, car
C’était selon tous les principes
Qu’après les cercles de papier,
Sans jamais les estropier
Il traversait le rond des pipes.

De la pesanteur affranchi,
Sans y voir clair il eût franchi
Les escaliers de Piranèse.
La lumière qui le frappait
Faisait resplendir son toupet
Comme un brasier dans la fournaise.

Il s’élevait à des hauteurs
Telles, que les autres sauteurs
Se consumaient en luttes vaines.
Ils le trouvaient décourageant,
Et murmuraient :  » Quel vif-argent
Ce démon a-t-il dans les veines ? « 

Tout le peuple criait :  » Bravo!  »
Mais lui, par un effort nouveau,
Semblait roidir sa jambe nue,
Et, sans que l’on sût avec qui,
Cet émule de la Saqui
Parlait bas en langue inconnue.

C’était avec son cher tremplin.
Il lui disait :  » Théâtre, plein
D’inspiration fantastique,
Tremplin qui tressailles d’émoi
Quand je prends un élan, fais-moi
Bondir plus haut, planche élastique !

 » Frêle machine aux reins puissants,
Fais-moi bondir, moi qui me sens
Plus agile que les panthères,
Si haut que je ne puisse voir,
Avec leur cruel habit noir
Ces épiciers et ces notaires !

 » Par quelque prodige pompeux
Fais-moi monter, si tu le peux,
Jusqu’à ces sommets où, sans règles,
Embrouillant les cheveux vermeils
Des planètes et des soleils,
Se croisent la foudre et les aigles.

Jusqu’à ces éthers pleins de bruit,
Où, mêlant dans l’affreuse nuit
Leurs haleines exténuées,
Les autans ivres de courroux
Dorment, échevelés et fous,
Sur les seins pâles des nuées.

 » Plus haut encor, jusqu’au ciel pur !
Jusqu’à ce lapis dont l’azur
Couvre notre prison mouvante !
Jusqu’à ces rouges Orients
Où marchent des Dieux flamboyants,
Fous de colère et d’épouvante.

 » Plus loin ! plus haut ! je vois encor
Des boursiers à lunettes d’or,
Des critiques, des demoiselles
Et des réalistes en feu.
Plus haut ! plus loin ! de l’air ! du bleu !
Des ailes ! des ailes ! des ailes ! « 

Enfin, de son vil échafaud,
Le clown sauta si haut, si haut
Qu’il creva le plafond de toiles
Au son du cor et du tambour,
Et, le coeur dévoré d’amour,
Alla rouler dans les étoiles.

(Photo tirée d’une campagne de pub pour la PS3…)

***

Théodore de Banville, Odes funambulesques, 1857

Ne quiers* voir la beauté d’Absalon
Ni d’Ulyssès le sens et la faconde*,
Ni éprouver la force de Samson,
Ni regarder que Dalila le tonde,
Ni cure n’ai par nul tour
Des yeux Argus ni de joie gringnour*,
Car pour plaisance et sans aÿde d’âme
Je vois assez, puisque je vois ma dame.

De l’image que fit Pygmalion
Elle n’avait pareille ni seconde ;
Mais la belle qui m’a en sa prison
Cent mille fois est plus belle et plus monde* :
C’est un droit fluns* de douceur
Qui peut et sait guérir toute douleur ;
Dont cil a tort qui de dire me blâme :
Je vois assez, puisque je vois ma dame.

Si* ne me chaut* du sens de Salomon,
Ni que Phoebus en termine ou réponde,
Ni que Vénus s’en mêle ni Mennon
Que Jupiter fit muer en aronde,
Car je dis, quand je l’adore,
Aime et désir’, sert et crains et honore,
Et que s’amour sur toute rien m’enflamme,
Je vois assez, puisque je vois ma dame.

***

(Je) ne quiers : je ne veux pas
faconde : éloquence
gringnor : plus grande
monde : pure
fluns : fleuve, flux
Si : ainsi
(il) ne me chaut : je ne me préoccupe pas

Erase Una Vez
un lobito bueno
al que maltrataban
todos los corderos

…..

Y había también
un príncipe malo,
una bruja hermosa
y un pirata honrado.

….

Todas estas cosas
había una vez
cuando yo soñaba
un mundo al revés.

Il était une fois
un gentil louveteau
qui était maltraité
par tous les moutons.

….

Et il y avait aussi
un méchant prince
une belle sorcière
et un pirate généreux

….

Toutes ces personnes
étaient une fois
lorsque je rêvais
d’un monde à l’envers

Un jour
Il y aura autre chose que le jour
Une chose plus franche, que l’on appellera le Jodel
Une encore, translucide comme l’arcanson
Que l’on s’enchâssera dans l’oeil d’un geste élégant
Il y aura l’auraille, plus cruel
Le volutin, plus dégagé
Le comble, moins sempiternel
Le baouf, toujours enneigé
Il y aura le chalamondre
L’ivrunini, le baroïque
Et tout un planté d’analognes
Les heures seront différentes
Pas pareilles, sans résultat
Inutile de fixer maintenant
Le détail précis de tout ça
Une certitude subsiste : un jour
Il y aura autre chose que le jour.

***

Boris Vian, Je voudrais pas crever, 1962, publication posthume
Tableau : Vladimir Kush, Arrivée du bateau fleuri

[Gargantua] visita la ville [de Paris], et fut veu de tout le monde en grande admiration, car le peuple de Paris est tant sot, tant badault et tant inepte de nature, qu’un basteleur, un porteur de rogatons, un mulet avecques ses cymbales, un vielleuz au mylieu d’un carrefour, assemblera plus de gens que ne feroit un bon prescheur evangelicque .
Et tant molestement le poursuyvirent qu’il feut contrainct soy reposer suz les tours de l’eglise Nostre Dame. Auquel lieu estant, et voyant tant de gens à l’entour de soy, dist clerement :
« Je croy que ces marroufles voulent que je leurs paye icy ma bien venue et mon proficiat. C’est raison. Je leur voys donner le vin, mais ce ne sera que par rys. »
Lors, en soubriant, destacha sa belle braguette, et, tirant sa mentule en l’air, les compissa si aigrement qu’il en noya deux cens soixante mille quatre cens dix et huyt, sans les femmes et petiz enfans.
Quelque nombre d’iceulx evada ce pissefort à legiereté des pieds, et, quand furent au plus hault de l’Université, suans, toussans, crachans et hors d’halene, commencerent à renier et jurer, les ungs en cholere, les aultres par rys : « Je renie bieu, Frandiene, voy tu ben, la mer Dé, po cab de bious, das dich gots leyden schend, Ja martre schend, ventre saint Quenet, vertus guoy, par saint Fiacre de Brye, saint Treignant, je fais voeu à saint Thibaud, Pasques dieu, le bon jour dieu, le diable m’emporte, Carymary, carymara, par saint Andouille, par saint Guodegrin qui fut martyrisé de pommes cuites, par saint Foutin l’apôtre, Nê, Diâ, Mà Diâ, par sainte Mamye, nous son baignez par rys ! » Dont fut depuis la ville nommée Paris, laquelle auparavant on appelloit Leucece, comme dict Strabo, lib. iiij , c’est à dire, en grec, Blanchette, pour les blanches cuisses des dames dudict lieu.

***

Rabelais, Gargantua, 1534, ch. XVI

Je crois que pour saisir une partie du sens de ce poème, il faut essayer de le lire à haute voix en respectant la ponctuation  et la versification : pauses seulement après points et virgules ; pas de pause à la rime et à la césure (après la 6e syllabe pour les alexandrins) s’il n’y en a pas, mais accent d’intensité ou allongement du son vocalique ; quand une virgule est précédée d’un e muet et suivie d’une consonne, manque de chance, on ne peut pas reprendre son souffle, car on ne peut marquer la virgule et prononcer le e muet qu’en allongeant la voyelle précédente (ex : v4 Mooooon-teu-co-meu-dan…). Normalement, à la fin de ce poème, vous devriez devenir tout bleu, avec une voix de macchabée…

Mon âme vers ton front où rêve, ô calme soeur,
Un automne jonché de taches de rousseur,
Et vers le ciel errant de ton oeil angélique
Monte, comme dans un jardin mélancolique,
Fidèle, un blanc jet d’eau soupire vers l’Azur!
– Vers l’Azur attendri d’octobre pâle et pur
Qui mire aux grands bassins sa langueur infinie,
Et laisse sur l’eau morte où la fauve agonie
Des feuilles erre au vent et creuse un froid sillon,
Se traîner le soleil jaune d’un long rayon.

Now I’ve heard there was a secret chord
That David played, and it pleased the Lord
But you don’t really care for music, do you?
It goes like this
The fourth, the fifth
The minor fall, the major lift
The baffled king composing Hallelujah

Your faith was strong but you needed proof
You saw her bathing on the roof
Her beauty and the moonlight overthrew you
She tied you
To a kitchen chair
She broke your throne, and she cut your hair
And from your lips she drew the Hallelujah

Baby I have been here before
I know this room, I’ve walked this floor
I used to live alone before I knew you.
I’ve seen your flag on the marble arch
Love is not a victory march
It’s a cold and it’s a broken Hallelujah

There was a time you let me know
What’s really going on below
But now you never show it to me, do you?
And remember when I moved in you
The holy dove was moving too
And every breath we drew was Hallelujah

You say I took the name in vain
I don’t even know the name
But if I did, well really, what’s it to you?
There’s a blaze of light
In every word
It doesn’t matter which you heard
The holy or the broken Hallelujah

I did my best, it wasn’t much
I couldn’t feel, so I tried to touch
I’ve told the truth, I didn’t come to fool you
And even though
It all went wrong
I’ll stand before the Lord of Song
With nothing on my tongue but Hallelujah

***

J’ai entendu parler d’un accord secret
Que David jouait pour charmer le Seigneur,
Mais tu ne t’intéresses pas vraiment à la musique, n’est-ce pas ?
Cette chanson se joue ainsi :
La quarte, la quinte,
La tierce mineure diminuée, et la majeure augmentée,
Et voici le roi déchu qui compose  son Hallelujah.

Ta foi était grande, mais tu cherchais une preuve
Tu la vis se baigner sur le toit
Sa beauté et le clair de lune te bouleversèrent
Elle t’attacha
Dans la cuisine, sur une chaise
Elle renversa ton trône, elle coupa tes cheveux
Et de tes lèvres elle fit naître le Hallelujah

Mon amour, je suis déjà venu ici
Je connais cette chambre, j’ai marché sur ce sol
Je vivais seul avant de te rencontrer
J’ai vu ton drapeau sur l’arche de marbre
L’amour n’est pas une marche de victoire
C’est un Hallelujah froid et brisé

A une époque, tu me faisais savoir
Ce qui se passait vraiment ici bas
Mais à présent, tu ne le fais plus, n’est-ce pas ?
Et souviens-toi du temps où j’évoluais en ton sein
Avec la sainte colombe
Tandis que chacun de nos souffles était un Hallelujah

Tu dis que j’ai employé le Nom en vain
Mais je ne connais même pas le Nom
Et si je le savais, pour tout dire, qu’est-ce que ça te ferait ?
Un incendie de lumière
Habite chaque mot
Et peu importe que tu y aies entendu
Le saint Hallelujah ou celui qui a été brisé

J’ai fait de mon mieux, ce n’était pas grand chose
Incapable de sentir, j’ai tenté d’atteindre
J’ai dit la vérité, sans vouloir te tromper
Et même
Si tout a mal tourné
Je me tiendrai debout devant le le Seigneur du Chant
Et je n’aurai sur le bout de la langue qu’un Hallelujah

***

Leonard Cohen – Hallelujah, album Various Positions, 1984 – traduction maison (j’ai fait de mon mieux, c’est pas toujours terrible, mais mieux que les traductions mot à mot qu’on trouve ailleurs non ? en tout cas j’accepte les reproches et les propositions). Je ne peux résister à ajouter en bonus la superbe version de Jeff Buckley, dont les paroles sont cependant différentes à la fin :

La lune s’attristait. Des séraphins en pleurs
Rêvant, l’archet aux doigts, dans le calme des fleurs
Vaporeuses, tiraient de mourantes violes
De blancs sanglots glissant sur l’azur des corolles.
C’était le jour béni de ton premier baiser.
Ma songerie aimant à me martyriser
S’enivrait savamment du parfum de tristesse
Que même sans regret et sans déboire laisse
La cueillaison d’un Rêve au cœur qui l’a cueilli.
J’errais donc, l’œil rivé sur le pavé vieilli
Quand avec du soleil aux cheveux, dans la rue
Et dans le soir, tu m’es en riant apparue
Et j’ai cru voir la fée au chapeau de clarté
Qui jadis sur mes beaux sommeils d’enfant gâté
Passait, laissant toujours de ses mains mal fermées
Neiger de blancs bouquets d’étoiles parfumées.

Ce que j’écris :

La phrase qui tue :

Peu m'importe.
Peu m'importe quoi ? Je ne sais 
pas ; peu m'importe.
                    Fernando Pessoa

Classement par auteurs

Haïku !!!

Sans savoir pourquoi
                     j'aime ce monde
   où nous venons mourir___

                 Natsume Sôseki

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