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Ce poème sur l’épiphanie vient un peu en retard, mais il vaut le détour, bien qu’il soit quelque peu sanglant… J’en profite pour souhaiter une très bonne année à tous les lecteurs de ce blog !

 

Sur un trône de paille
un cheval couronné
un âne le fait rire
vêtu comme un jockey

Devinettes aimables
farces du bon vieux temps
écoutez les chansons
les rires des paysans
ils ont tiré les rois
et ils sont bien contents
ils ont tiré le roi
et la reine en même temps
écoutez les chansons
les rires des paysans
le roi la bouche pleine
et le verre à la main
est couché sous la table
et baigne dans son sang
il a le ventre ouvert
un petit baigneur dedans
et le sang est très rouge
et le baigneur tout blanc

Devinettes aimables
farces du bon vieux temps
sur la porte du palais
la reine droite et blême
est soigneusement clouée
ses yeux sont grands ouverts
son regard est très dur
elle est coupée en deux
comme un panaris mûr

Devinettes aimables
farces du bon vieux temps
sur un trône de paille
un cheval couronné
un âne le fait rire
vêtu comme un jockey.

J’ai mis mon képi dans la cage
et je suis sorti avec l’oiseau sur la tête
Alors
on ne salue pas
a demandé le commandant
Non
on ne salue pas
a répondu l’oiseau
Ah bon
excusez-moi je croyais qu’on saluait
a dit le commandant
Vous êtes excusé
tout le monde peut se tromper
a dit l’oiseau

 

***

 

Jacques Prévert, « Quartier libre », in Paroles, 1946

Notre Père qui êtes au cieux
Restez-y
Et nous nous resterons sur la terre
Qui est quelquefois si jolie
Avec ses mystères de New York
Et puis ses mystères de Paris
Qui valent bien celui de la Trinité
Avec son petit canal de l’Ourcq
Sa grande muraille de Chine
Sa rivière de Morlaix
Ses bêtises de Cambrai
Avec son océan Pacifique
Et ses deux bassins aux Tuileries
Avec ses bons enfants et ses mauvais sujets
Avec toutes les merveilles du monde
Qui sont là
Simplement sur la terre
Offertes à tout le monde
Eparpillées
Emerveillées elles-mêmes d’être de telles merveilles
Et qui n’osent se l’avouer
Comme une jolie fille nue qui n’ose se montrer
Avec les épouvantables malheurs du monde
Qui sont légion
Avec leurs légionnaires
Avec leurs tortionnaires
Avec les maîtres de ce monde
Les maîtres avec leurs prêtres leurs traîtres et leurs reîtres
Avec les saisons
Avec les années
Avec les jolies filles et avec les vieux cons
Avec la paille de la misère pourrissant dans l’acier des canons.

Béni de Dieu, déni du diable
Incapable d’être coupable
Tu es belle
Indéniable.
Tu es belle comme la mer et la Terre
Avant la prolifération humaine.
E
t pourtant tu es femme.
Tu es belle comme le vent qu’on ne peut voir
Belle comme le matin et le soir.
Tu es belle et tu n’es pas la seule
Tu es belle entre les belles,
mais dans la ribambelle des belles, tu n’es pas l’étoile.
Tu es l’une d’elles
La mienne
Et pourtant tu ne m’appartiens pas
Mais tu es la seule île déserte où je pourrais vivre avec toi.

Des milliers et des milliers d’années
Ne sauraient  suffire
Pour dire
La petite seconde d’éternité
Où tu m’as embrassé
Où je t’ai embrassée
Un matin dans la lumière de l’hiver
Au parc Montsouris à Paris
A Paris
Sur la terre
La terre qui est un astre.

***

Jacques Prévert, Paroles, 1945

Ce que j’écris :

La phrase qui tue :

Peu m'importe.
Peu m'importe quoi ? Je ne sais 
pas ; peu m'importe.
                    Fernando Pessoa

Classement par auteurs

Haïku !!!

Sans savoir pourquoi
                     j'aime ce monde
   où nous venons mourir___

                 Natsume Sôseki

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