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Est-il défaut plus grand que d’être conscient du défaut d’autrui ?

***

Si autrui rit de vous, vous pouvez avoir pitié de lui ; mais si vous riez de lui, vous ne pourrez jamais vous le pardonner.

Si autrui vous blesse, vous pouvez oublier la blessure ; mais si vous le blessez, vous vous en rappellerez toujours.

En vérité, autrui est votre moi le plus sensible, auquel on a donné un autre corps.

Alors un homme riche dit, parlez-nous du don.
Et il répondit:

Vous ne donnez que peu lorsque vous donnez de vos biens.
C’est lorsque vous donnez de vous-même que vous donnez réellement.
Car que sont vos biens sinon des choses que vous conservez par crainte d’en avoir besoin demain?
Et demain, qu’apportera demain au chien trop prudent cachant des os dans le sable mouvant alors qu’il suit les pèlerins vers la ville sainte?
Et qu’est la peur de la misère, sinon la misère elle même?
Et la crainte de la soif devant votre puits plein, n’est elle pas déjà la soif inextinguible?
Il en est qui donnent peu de l’abondance qu’ils ont – et ils donnent pour susciter la reconnaissance, et leur désir secret corrompt leur don.
Il en est qui ont peu et qui le donnent entièrement.
Ceux-ci croient en la vie et dans la bonté de la vie, et leur coffre n’est jamais vide.
Il en est qui donnent avec joie, et cette joie est leur récompense.
Il en est qui donnent avec douleur, et cette douleur est leur baptême.
Il en est qui donnent et ne ressentent ni joie ni douleur et ne sont pas conscient de leur vertu ;
Ils donnent comme dans la vallée là-bas le myrte exhale son parfum dans l’espace.
Par les mains de tels êtres, Dieu parle, et à travers leur regard Il sourit à la terre.
Il est bien de donner lorsqu’on est sollicité, mais il est mieux de donner sans être sollicité, par compréhension ;
Et pour les généreux, rechercher ceux qui recevront est une joie plus grande que le don.
Et est il une chose que vous voudriez refuser?
Tout ce que vous avez sera donné un jour ;
Donnez donc maintenant afin que la saison de donner soit vôtre et non celle de vos héritiers.
Vous dites souvent : « je donnerai mais seulement à ceux qui le méritent. »
Les arbres de vos vergers ne parlent pas ainsi, ni les troupeaux dans vos pâturages.
Ils donnent afin de vivre, car retenir c’est périr.
Sûrement celui qui est digne de recevoir ses jours et ses nuits, est digne de tout recevoir de vous.
Et celui qui est digne de boire à l’océan de la vie mérite de remplir sa coupe à votre ruisselet.
Et y a t-il mérite plus grand que celui qui réside dans le courage et la confiance, oui, dans la charité de recevoir?
Et qui êtes vous pour que les hommes se déchirent la poitrine et se dépouillent de leur fierté, de sorte que vous puissiez voir leur dignité mise à nu et leur fierté exposée?
Voyez d’abord à mériter vous-même d’être donneur et instrument du don.
Car en vérité, c’est la vie qui donne à la vie – alors que vous, qui vous imaginez être donneurs, n’êtes en réalité que témoins.
Et vous qui recevez, et vous recevez tous, n’assumez aucune charge de gratitude, de crainte d’imposer un joug à vous-même et à celui qui donne.
Élevez-vous plutôt avec celui qui donne, prenant ses dons comme si c’étaient des ailes ;
Car être trop soucieux de votre dette, c’est douter de sa générosité qui a la terre magnanime pour mère et Dieu pour père.

***

Khalil GIBRAN, Le Prophète
Photo : Liliane Caumont, La Générosité

Après douze années d’exil, le sage Almustafa s’apprête à quitter la cité d’Orphalese pour regagner son île natale. Avant son départ, les habitants de la cité l’interrogent tour à tour sur divers sujets : l’amour, la mort, la religion, etc.

Un homme dit, parle-nous de la Connaissance de soi.

Khalil Gibran, ébauche de Jesus the Son of Man

Il répondit :
Vos coeurs connaissent en silence les secrets des jours et des nuits.
Mais vos oreilles se languissent d’entendre la voix de la connaissance en vos coeurs.
Vous voudriez savoir avec des mots ce que vous avez toujours su en pensée.
Vous voudriez toucher du doigt le corps nu de vos rêves.
Et il est bon qu’il en soit ainsi.
La source secrète de votre âme doit jaillir et couler en chuchotant vers la mer,
Et le trésor de vos abysses infinis se révéler à vos yeux.
Mais qu’il n’y ait point de balance pour peser votre trésor inconnu,
Et ne sondez pas les profondeurs de votre connaissance avec tige ou jauge,
Car le soi est une mer sans limites ni mesures.
Ne dites pas : « J’ai trouvé la vérité », mais plutôt : « J’ai trouvé une vérité ».
Ne dites pas : « J’ai trouvé le chemin de l’âme ». Dites plutôt : « J’ai rencontré l’âme marchant sur mon chemin ».
Car l’âme marche sur tous les chemins.
L’âme ne marche pas sur une ligne de crête, pas plus qu’elle ne croît tel un roseau.
L’âme se déploie, comme un lotus aux pétales innombrables.
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Puis un maître dit, parle-nous de l’Enseignement.
Il répondit :
Personne ne peut vous apprendre quoi que ce soit qui ne repose déjà au fond d’un demi-sommeil dans l’aube de votre connaissance.
Le maître qui marche parmi les disciples, à l’ombre du temple, ne donne pas de sa sagesse, mais plutôt de sa foi et de sa capacité d’amour.
S’il est vraiment sage, il ne vous invite pas à entrer dans la demeure de sa sagesse. Il vous conduit jusqu’au seuil de votre esprit.
L’astronome peut vous parler de son entendement de l’espace. Il ne peut vous donner de son entendement.
Le musicien peut vous interpréter le rythme qui régit tout espace. Il ne peut vous donner l’ouïe qui capte le rythme, ni la voix qui lui fait écho.
Celui qui est versé dans la science des nombres peut décrire les régions du poids et de la mesure. Il ne peut vous y emmener.
Car la vision d’un être ne prête pas ses ailes à d’autres,
De même que chacun de vous se tient seul dans la connaissance de Dieu, chacun de vous doit demeurer seul dans sa connaissance de Dieu et dans son entendement de la terre.
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Khalil Gibran, Le Prophète, 1923


Puis un maître dit, Parle-nous de l’Enseignement.Il répondit :

Personne ne peut vous apprendre quoi que ce soit qui ne repose déjà au fond d’un demi-sommeil dans l’aube de votre connaissance.

Le maître qui marche parmi les disciples, à l’ombre du temple, ne donne pas de sa sagesse, mais plutôt de sa foi et de sa capacité d’amour.

S’il est vraiment sage, il ne vous invite pas à entrer dans la demeure de sa sagesse. Il vous conduit jusqu’au seuil de votre esprit.

L’astronome peut vous parler de son entendement de l’espace. Il ne peut vous donner son entendement.

Le musicien peut vous interpréter le rythme qui régit tout espace. Il ne peut vous donner l’ouïe qui capte le rythme, ni la voix qui lui fait écho.

Celui qui est versé dans la science des nombres peut décrire les régions du poids et de la mesure. Il ne peut vous y emmener.

Car la vision d’un être ne prête pas ses ailes à d’autres,

De même que chacun de vous se tient seul dans la connaissance de Dieu, chacun de vous doit demeurer seul dans sa connaissance de Dieu et dans son entendement de la terre.

Ce que j’écris :

La phrase qui tue :

Peu m'importe.
Peu m'importe quoi ? Je ne sais 
pas ; peu m'importe.
                    Fernando Pessoa

Classement par auteurs

Haïku !!!

Sans savoir pourquoi
                     j'aime ce monde
   où nous venons mourir___

                 Natsume Sôseki

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