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Yo soy La Locura
la que sola infundo
placer y dulzura
y contento al mundo.

Sirven a mi nombre
todos mucho o poco
y no, no hay hombre
que piense ser loco.

***

Je suis La Folie
celle qui insuffle à elle seule
le plaisir, la douceur
et le bonheur dans le monde.

Ils servent tous
mon nom, peu ou prou
et pourtant, personne
ne se considère fou.

***

(Traduction perso, remarques bienvenues)

(Henry de Bailly est le compositeur de la musique, j’ignore s’il a écrit le texte)

Je congnois bien mousches en laict,Francois_Villon_1489
Je congnois à la robe l’homme,
Je congnois le beau temps du lait,
Je congnois au pommier la pomme,
Je congnois l’arbre à veoir la gomme,
Je congnois quant tout est de mesmes,
Je congnois qui besoigne ou chomme :
Je congnois tout, fors que moy mesmes.

Je congnois pourpoint au colet,
Je congnois le moyne à la gonne,
Je congnois le maistre au varlet,
Je congnois au voile la nonne,
Je congnois quant pipeur gergonne,
Je congnois sos nourris de cresmes,
Je congnois le vin à la tonne :
Je congnois tout, fors que moy mesmes.

Je congnois cheval et mulet,
Je congnois leur charge et leur somme,
Je congnois Bietrix et Belet,
Je congnois gect qui nombre assomme,
Je congnois vision et somme,
Je congnois la faulte des Boesmes,
Je congnois le pouoir de Romme :
Je congnois tout, fors que moy mesmes.

Prince, je congnois tout en somme.
Je congnois colorez et blesmes,
Je congnois Mort, qui tout consomme :
Je congnois tout, fors que moy mesmes !

Seigneurs, après avoir raconté des récits de pure imagination, je veux maintenant m’appliquer à rapporter des histoires véridiques, car celui dont le métier est de dire des fables n’est pas un conteur digne de s’adresser à une noble assistance s’il est incapable de relater des choses vraies ou au moins vraisemblables. Celui qui est expert en l’art de conter se doit, entre deux récits d’imagination, de rapporter des aventures vécues.

C’est la vérité pure, vivaient jadis, il y a bien une centaine d’années, deux compagnons qui menaient une fort mauvaise vie, car l’un était si envieux que personne ne l’était plus que lui, et l’autre était si cupide que rien ne pouvait le combler. Ce dernier était sans doute le pire des deux, car la cupidité est de telle nature qu’elle avilit maintes personnes; elle fait prêter à usure et tricher sur les mesures par désir d’en avoir plus. L’envie est aussi exécrable, car elle aiguillonne tout le monde.

Notre envieux et notre cupide chevauchaient un jour de compagnie lorsqu’ils rencontrèrent, je crois, saint Martin dans une campagne. Il ne lui fallut que peu de temps passé en leur compagnie pour s’apercevoir des mauvais penchants qui étaient enracinés au fond de leur coeur. Ils arrivèrent bientôt à une chapelle d’où partaient deux chemins très fréquentés. Saint Martin s’adressa alors aux deux compagnons qui se comportaient de manière si détestable.

« Seigneurs, leur dit-il, à cette chapelle je poursuivrai mon chemin en prenant sur la droite mais vous retirerez bénéfice de m’avoir rencontré. Je suis saint Martin, le prudhomme. Que l’un ou l’autre de vous me demande un don; il aura immédiatement ce qu’il désire et celui qui n’aura pas parlé en aura sur-le-champs deux fois autant. »

Alors le cupide pense en lui-même qu’il laissera parler son compagnon et qu’il en aura deux fois plus que lui. Il convoite ardemment un double gain.

« Demande, fait-il, cher compagnon. Tu obtiendras à coup sûr tout ce qu’il te viendra à l’esprit de demander. N’hésite pas à demander largement: si tu sais te débrouiller pour faire un bon souhait, tu seras riche toute ta vie! »

Celui qui avit le coeur plein d’envie n’avait pas l’intention de demander ce qu’il aurait voulu, car il serait mort d’envie et de rage si l’autre en avait eu plus que lui. Aussi restèrent-ils tous les deux un bon moment sans prononcer une parole.

« Qu’attends-tu? Qu’il ne t’en arrive malheur? fait celui qui était plein de cupidité. J’en aurai le double de toi et personne ne m’en empêchera. Demande vite ou je te battrai comme jamais âne ne le fut au Pont! »

« Sire, répond l’envieux, sachez-le, je vais demander un don avant que vous ne me fassiez mal. Si je demandais de l’argent ou quelques bien, vous en voudriez bien avoir deux fois plus. Mais si je peux, vous n’en aurez aucun bénéfice! Saint Martin, dit-il, je vous demande de perdre un oeil et que mon compagnon en perde deux: ainsi il sera doublement puni! »

Le cupide eut les yeux crevés sur-le-champs. Saint Martin tint parfaitement sa promesse: sur quatre yeux, ils en perdirent trois, ils n’en retirèrent pas autre chose. Saint Martin rendit l’un borgne et l’autre aveugle: par la faute de leurs souhaits, tous les deux y perdirent. Maudit soit celui qui s’en afflige, car ces deux hommes étaient de mauvaises gens.

Ceux qui dussent parler sont muts :
Les loyaux sont pour sots tenus ;
Je n’en vois nuls
Qui de bonté tiennent plus compte,
Vertus vont jus, péchés haut montent :
Ce vous est honte,
Seigneurs grands, moyens et menus.

Flatteurs sont grands gens devenus
Et à hauts états parvenus,
Entretenus,
Tant qu’il n’est rien qui les surmontent.
Ceux qui dussent parler sont muts.

Nous naquîmes pauvres et nus.
Les biens nous sont de Dieu venus,
Nos cas connus.
Lui sont pour vrai, je vous le conte ;
Pape, empereur, roi, duc ou comte
Tout se mécompte
Quand les bons ne sont soutenus,
Ceux qui dussent parler sont muts.

Ceux dont les croyances sont basées sur l’hypocrisie

Veulent faire une distinction entre l’âme et le corps.

Moi, je sais que le vin a le seul mot de l’énigme

Et qu’il donne conscience d’une parfaite unité.

 

Plus penser que dire
Me convient souvent,
Sans montrer comment
N’ à quoi mon cœur tire.

Feignant de sourire
Quand suis très dolent,
Plus penser que dire
Me convient souvent.

En toussant soupire
Pour secrètement
Musser mon tourment.
C’est privé martyre,
Plus penser que dire.

***

Musser : cacher
Dolent : très souffrant, très malheureux

Ne quiers* voir la beauté d’Absalon
Ni d’Ulyssès le sens et la faconde*,
Ni éprouver la force de Samson,
Ni regarder que Dalila le tonde,
Ni cure n’ai par nul tour
Des yeux Argus ni de joie gringnour*,
Car pour plaisance et sans aÿde d’âme
Je vois assez, puisque je vois ma dame.

De l’image que fit Pygmalion
Elle n’avait pareille ni seconde ;
Mais la belle qui m’a en sa prison
Cent mille fois est plus belle et plus monde* :
C’est un droit fluns* de douceur
Qui peut et sait guérir toute douleur ;
Dont cil a tort qui de dire me blâme :
Je vois assez, puisque je vois ma dame.

Si* ne me chaut* du sens de Salomon,
Ni que Phoebus en termine ou réponde,
Ni que Vénus s’en mêle ni Mennon
Que Jupiter fit muer en aronde,
Car je dis, quand je l’adore,
Aime et désir’, sert et crains et honore,
Et que s’amour sur toute rien m’enflamme,
Je vois assez, puisque je vois ma dame.

***

(Je) ne quiers : je ne veux pas
faconde : éloquence
gringnor : plus grande
monde : pure
fluns : fleuve, flux
Si : ainsi
(il) ne me chaut : je ne me préoccupe pas

On doit aimer et priser
Joyeuse mélancolie
Qui tient la pensée lie
Et le temps fait oublier
Sans souci et sans envie :
On doit aimer et priser
Joyeuse mélancolie.

Et moult souvent souhaiter
Qu’on soit avec son amie
Pour maintenir gaie vie
On doit aimer et priser
Joyeuse mélancolie.

***

priser : (non aspirer du tabac par le nez mais) estimer

lie : (prononcé comme dans mélancolie) joyeuse

source photo

Vous qui vivez à présent en ce monde
Et qui vivez souverains en vertu,
Vous est-il point de la mort souvenu ?
Vos pères sont en la fosse parfonde
Mangés des vers, sans lance et sans écu,
Vous qui vivez à présent en ce monde
Et qui régnez souverains en vertu.

Avisez-y et menez vie ronde,
Car en vivant serez froid et chanu,
Car en la fin mourrez dolent et nu.
Vous qui vivez à présent en ce monde
Et qui régnez souverains en vertu
Vous est-il point de la mort souvenu ?

***

Eustache  Deschamps (1340-1407?)
Tableau : Memling, autel portatif de Strasbourg, fin XVe siècle : la Mort et la Luxure
Voc :
parfonde : profonde
mener une vie ronde : mener une vie saine et sage
chanu : chenu, qui a les cheveux blancs de vieillesse, vieux
dolent : maladif, souffrant

Pour les patriarches nostalgiques, un grand tube des années 1270 : 1, 2, 3, 4 musique !

Je muir, je muir d’amourete,
Las! ai mi
Par defaute d’amiete
De merchi.
A premiers la vi douchete;
Je muir, je muir d’amourete,
D’une atraitant manierete
A dont la vi,
Et puis la truis si fierete
Quant li pri.
Je muir, je muir d’amourete,
Las! ai mi
Par defaute d’amiete
De merchi.

***

Je meurs, je meurs d’amourette,
Hélas ! aïe, pauvre de moi !
Car je n’ai pas de petite amie,
Par misère.
Tout d’abord je la trouvai toute tendre ;
Je meurs, je meurs d’amourette,
D’une façon toute violente,
Depuis que je la vis ;
Puis je la trouvai si farouche
Lorsque je la suppliai.
Je meurs, je meurs d’amourette,
Hélas ! aïe, pauvre de moi !
Car je n’ai pas de petite amie,
Par misère.

***

Adam de la Halle, rondeau, « Je muir d’amourete » – traduction maison. Si quelqu’un propose mieux, preuves à l’appui, je prends.

Ce que j’écris :

La phrase qui tue :

Peu m'importe.
Peu m'importe quoi ? Je ne sais 
pas ; peu m'importe.
                    Fernando Pessoa

Classement par auteurs

Haïku !!!

Sans savoir pourquoi
                     j'aime ce monde
   où nous venons mourir___

                 Natsume Sôseki

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