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Un jour par an on devrait faire semblant
que la mort aille s’inscrire au chômage,
que nul ne puisse plus perdre son courage,
que personne ne soit tué pour quelques francs.
Les catastrophes dormiraient calmement,
à leur hôtel, jusques au lendemain.
Nul sur son frère ne porterait la main,
nul ne quitterait ce monde volontairement.
Plus d’incendies, plus aucun enterrement,
les assassins eux-mêmes feraient la grève.
Vous pensez sûrement: ce n’est qu’un rêve.
Moi, je dis seulement: faisons semblant.
***
Stig Dagerman (1923-1954) – 23 février 1954
Poème trouvé là
Les larmes gèlent, Cassandre.
Le coeur humain n’est que cendres.
On dit que les machines s’aiment:
consolation, tout de même.
Nous en avons tous bien besoin.
Elle fait l’objet de tous nos soins.
Comme les yeux humains sont froids
comparés aux machines, tu vois.
Ce que c’est que les illusions!
Moins que les robots nous savons.
Les sentiments sont désormais
suscités à l’électricité.
Le robot muet descend de l’arche,
plein de désir de paternité.
Vous autres: en avant, marche!
Place pour les amants programmés!
Ne coupez donc pas le courant.
Surtout que l’amour ne meure pas.
Les machines s’aiment en tout cas
c’est plus que les hommes, n’est-ce pas?
***
Stig Dagerman (1923-1954) – 27 octobre 1950 – Traduction de Philippe Bouquet
Photo : ENIAC, le premier ordinateur, en 1946
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