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Chaque fois que les gens découvrent son mensonge,
Le châtiment lui vient, par la colère accru.
« Je suis cuit, je suis cuit !  » gémit-il comme en songe.

Le menteur n’est jamais cru.

***

Illustration : détail du Jugement dernier, Bosch

 

Voici quelques petites pièces qui ont la particularité de ne rimer que pour les yeux… L’auteur commente en italique.

[…] L’un de mes amis, sourd-muet de naissance (et très probablement, aussi, de mort), a la rage de confectionner des poèmes.

Je lui ai toujours caché l’affreuse vérité, mais à vous j’aime mieux vous la dire parce que vous allez immanquablement vous en apercevoir (à moins d’être fort pris de boisson), ses vers ne riment pas […] :


 

L’homme insulté‚ qui se retient
Est, à coup sûr, doux et patient.
Par contre, l’homme à l’humeur aigre
Gifle celui qui le dénigre.
Moi, je n’agis qu’à bon escient :
Mais, gare aux fâcheux qui me scient !
Qu’ils soient de Château-l’Abbaye
Ou nés à Saint-Germain-en-Laye,
Je les rejoins d’où qu’ils émanent,
Car mon courroux est permanent.
Ces gens qui se croient des Shakespeares
Ou rois des îles Baléares !
Qui, tels des condors, se soulèvent !
Mieux vaut le moindre engoulevent.
Par le diable, sans être un aigle,
Je vois clair et ne suis pas bigle.
Fi des idiots qui balbutient !
Gloire au savant qui m’entretient !

***

Etonnant le jury par sa science en dolmens
Le champion de footing du collège de Mens,
Gars aux vaillants mollets, durs tel l’acier de Siemens,
A passé l’autre jour de brillants examens.
Que je sois foudroyé sur l’heure, si je mens !
In corpore sano, vive Dieu ! sana mens.

PS : J’entends murmurer quelques personnes dans l’assistance et prétendre que sur ces six vers, pas un ne rime. Ne vous ai-je point prévenu que ce petit poème était dû à M. Xavier Roux, le poète sourd-muet de Grenoble ?
En matière de rimes, les sourds, comme l’indique leur nom, ne connaissent que d’ophtalmiques satisfactions.

***

Les gens de la maison Dubois, à Bone, scient
Dans la froide saison, du bois à bon escient.

(C’est vraiment triste, pour deux vers, d’avoir les vingt-deux
dernières lettres pareilles, et de ne pas arriver à rimer.)

***

Alphonse Allais, Par les bois du Djinn, Parle et bois du gin, poésies complètes, Gallimard.

« Ainsi que dans le cochon où tout est bon depuis la queue jusqu’à la tête, dans mes vers, tout est rime, depuis la première syllabe jusqu’à la    dernière » : ainsi Alphonse Allais définissait-il les holorimes (étymologiquement rimes totales), et ce poème en est une amusante mise en pratique. Ça vaut le détour !

Je t’attends samedi, car, Alphonse Allais, car
A l’ombre, à Vaux, l’on gèle. Arrive. Oh ! la campagne!
Allons – bravo ! – longer la rive au lac, en pagne;
Jette à temps, ça me dit, carafons à l’écart.

Laisse aussi sombrer tes déboires, et dépêche!
L’attrait : (puis, sens !) une omelette au lard nous rit,
Lait, saucisse, ombres, thé, des poires et des pêches,
Là, très puissant, un homme l’est tôt. L’art nourrit.

Et, le verre à la main, – t’es-tu décidé ? Roule
Elle verra, là mainte étude s’y déroule,
Ta muse étudiera les bêtes et les gens !

Comme aux Dieux devisant, Hébé (c’est ma compagne),
Commode, yeux de vice hantés, baissés, m’accompagne,
Amusé, tu diras :  » L’Hébé te soule, hé ! Jean ! « 

***

Alphonse Allais, Par les bois du Djinn, Parle et bois du gin, poésies complètes, Gallimard.

Tableau : Picasso, Déjeuner sur l’herbe

Le vers néo-alexandrin, dont j’ai l’honneur d’être l’auteur, se distingue de l’ancien en ce que, au lieu d’être à la fin, la rime se trouve au commencement (c’est bien son tour).
Ce nouveau vers doit se composer d’une moyenne de douze pieds ; je dis d’une moyenne parce qu’il n’est pas nécessaire que chaque vers ait personnellement douze pieds.
L’important est qu’à la fin du poème, le lecteur trouve son compte exact de pieds, sans quoi l’auteur s’exposerait à des réclamations, des criailleries parfaitement légitimes, nous en convenons, mais fort pénibles.
Voici un léger spécimen de ces vers néo-alexandrins :

11. Cher ami gardéniste, amateur de bonne
12. Chère, on t’appelle à l’appareil téléphonique
07. Allô ! qu’y a-t-il ? – Voici
12. À l’Hôtel Terminus (le fameux Terminus !)
06. Nous nous réunirons
14. (Nounous, le présent avis n’est pas pour votre fiole)
14. Samedi… (non lundi) 20 mars à 7 heures précises
17. Ça me dit, cette proposition, et à toi aussi j’espère
13. Lundi 20 mars donc… (non samedi, mais non lundi)
16. L’un dit une chose, l’autre une autre, voilà comme on se trompe
09. On se les calera bien, fois d’Alf
08. Onse Allais ! après quoi suivront
14. Concert varié, danses lascives, bref le programme
20. Qu’on sert d’habitude dans nos cordiales et charmantes petites soirées
13. Amène ta bonne amie, ça nous fera plaisir
06. Amen ! Alphonse Allais

Total : 192. Or 192/16 = 12, C.Q.F.D.

***

Alphonse Allais, « Léger spécimen de vers néo-alexandrins », Par les bois du Djinn, Parle et bois du gin, poésies complètes, Gallimard.

Ce que j’écris :

La phrase qui tue :

Peu m'importe.
Peu m'importe quoi ? Je ne sais 
pas ; peu m'importe.
                    Fernando Pessoa

Classement par auteurs

Haïku !!!

Sans savoir pourquoi
                     j'aime ce monde
   où nous venons mourir___

                 Natsume Sôseki

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