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La femme cependant, de sa bouche de fraise,
En se tordant ainsi qu’un serpent sur la braise,
Et pétrissant ses seins sur le fer de son busc,
Laissait couler ces mots tout imprégnés de musc :
 » Moi, j’ai la lèvre humide, et je sais la science
De perdre au fond d’un lit l’antique conscience.
Je sèche tous les pleurs sur mes seins triomphants,
Et fais rire les vieux du rire des enfants.
Je remplace, pour qui me voit nue et sans voiles,
La lune, le soleil, le ciel et les étoiles !
Je suis, mon cher savant, si docte aux Voluptés,
Lorsque j’étouffe un homme en mes bras redoutés,
Ou lorsque j’abandonne aux morsures mon buste,
Timide et libertine, et fragile et robuste,
Que sur ces matelas qui se pâment d’émoi,
Les anges impuissants se damneraient pour moi ! « 

Quand elle eut de mes os sucé toute la moelle,
Et que languissamment je me tournai vers elle
Pour lui rendre un baiser d’amour, je ne vis plus
Qu’une outre aux flancs gluants, toute pleine de pus !
Je fermai les deux yeux, dans ma froide épouvante,
Et quand je les rouvris à la clarté vivante,
A mes côtés, au lieu du mannequin puissant
Qui semblait avoir fait provision de sang,
Tremblaient confusément des débris de squelette,
Qui d’eux-mêmes rendaient le cri d’une girouette
Ou d’une enseigne, au bout d’une tringle de fer,
Que balance le vent pendant les nuits d’hiver.

Le Vampire ou Amour et douleur, Munch

Dans une terre grasse et pleine d’escargots
Je veux creuser moi-même une fosse profonde,
Où je puisse à loisir étaler mes vieux os
Et dormir dans l’oubli comme un requin dans l’onde,

Je hais les testaments et je hais les tombeaux ;
Plutôt que d’implorer une larme du monde,
Vivant, j’aimerais mieux inviter les corbeaux
A saigner tous les bouts de ma carcasse immonde.

Ô vers ! noirs compagnons sans oreille et sans yeux,
Voyez venir à vous un mort libre et joyeux ;
Philosophes viveurs, fils de la pourriture,

A travers ma ruine allez donc sans remords,
Et dites-moi s’il est encor quelque torture
Pour ce vieux corps sans âme et mort parmi les morts !

 

***

 

Hugo Sinberg, Le Jardin de la Mort, 1896

A Edith

Les mères vous font en saignant
Et vous tiennent toute la vie
Par un ruban de chair à vif
On est élevé dans des cages
On vit en mâchant des morceaux
De seins arrachés en saignant
Qu’on accroche au bord des berceaux
On a du sang sur tout le corps
Et comme on n’aime pas le voir
On fait couler celui des autres
Un jour, il n’y en aura plus
On sera libres.

Photo : La Vie en Rouge, Sabina Shikhlinskaya

J’aime à voir de beautés la branche déchargée,
À fouler le feuillage étendu par l’effort
D’automne, sans espoir leur couleur orangée
Me donne pour plaisir l’image de la mort.

 

 

Ce sonnet parle de Clairac, la ville natale du poète, qui a été dévastée au début du XVIIe, à la reprise des guerres de religion du siècle précédent.

Sacrés murs du Soleil où j’adorais Philis,
Doux séjour où mon âme était jadis charmée,
Qui n’est plus aujourd’hui sous nos toits démolis
Que le sanglant butin d’une orgueilleuse armée;

Ornements de l’autel qui n’êtes que fumée,
Grand temple ruiné, mystères abolis,
Effroyables objets d’une ville allumée,
Palais, hommes, chevaux ensemble ensevelis;

Fossés larges et creux tout comblés de murailles,
Spectacles de frayeur, de cris, de funérailles,
Fleuve par où le sang ne cesse de courir,

Charniers où les corbeaux et loups vont tous repaître,
Clairac, pour une fois que vous m’avez fait naître,
Hélas! combien de fois me faites-vous mourir!

Il vient bouffer votre rôti
Lorgner le cul de votre femme
Fumer votre dernier havane
Salir vos draps pendant des nuits
Et quand on a besoin de lui
Il se débine à toutes rames.

Doukipudonktan, se demanda Gabriel excédé. Pas possible, ils ne se nettoient jamais. Dans le journal, on dit qu’il y a pas onze pour cent des appartements à Paris qui ont des salles de bains, ça m’étonne pas, mais on peut se laver sans. Tous ceux-là qui m’entourent, ils doivent pas faire de grands efforts. d’un autre côté, c’est tout de même pas un choix parmi les plus crasseux de Paris. Y a pas de raison. C’est le hasard qui les a réunis. On peut pas supposer que les gens qu’attendent à la gare d’Austerliz sentent plus mauvais que ceux qu’attendent à la gare de Lyon. Non, vraiment, y a pas de raison. Tout de même quelle odeur.

On ne manque pas de sociologues à faible quotient intellectuel aujourd’hui. Pourquoi j’en ajouterais, avec mon intelligence supérieure ? On a tous entendu ces vieilles femmes qui disent : « Oh, comme c’est AFFREUX cette jeunesse qui se détruit avec toutes ces drogues ! C’est terrible ! » Et puis tu regardes la vieille peau :  sans dents, sans yeux, sans cervelle, sans âme, sans cul, sans bouche, sans couleur, sans nerfs, sans rien, rien qu’un bâton, et tu te demandes ce que son thé, ses biscuits, son église et son petit pavillon ont fait pour ELLE. Et les vieux se mettent parfois dans une colère noire contre les jeunes : « Bon sang, j’ai travaillé DUR toute ma vie ! » (Ils prennent le travail pour une vertu, mais ça prouve seulement qu’un type est taré.) « Les jeunes veulent tout pour RIEN ! Ils s’abîment la santé avec la drogue, ils s’imaginent qu’ils vont vivre sans se salir les mains ! »
Puis tu LE regardes :
Amen.
Il est seulement jaloux. Il s’est fait enculer, on lui a piqué ses plus belles années. Il meurt d’envie de baiser. S’il tient jusqu’au bout. Mais il peut plus. Donc, maintenant, il veut que les jeunes souffrent comme il a souffert.
La plupart du temps, c’est de ça qu’il s’agit. Les défoncés en font trop à propos de leur sacrée défonce et le public pareil avec l’usage de la drogue. La police se remue et les défoncés se font pincer, et ils se prennent pour des martyrs, tandis que l’alcool reste légal, tant que vous ne dépassez pas la mesure et que vous n’êtes pas pris dans la rue et mis en prison. Quoi que vous donniez à la race humaine, elle s’écorchera avec et vomira dessus. Si on légalisait la défonce on se sentirait un peu mieux aux Etats-Unis, mais pas tellement. Tant qu’il y aura des tribunaux, des prisons, des hommes de loi et des lois, les gens se défonceront.
Leur demander de légaliser la défonce, c’est un peu comme leur demander de beurrer les menottes avant de nous les passer.

 

***

 

Charles Bukowski – « La Grande Défonce« , in Nouveaux contes de la folie ordinaire, 1967
Source photo

Adieu, Camille, retourne à ton couvent, et lorsqu’on te fera de ces récits hideux qui t’ont empoisonnée, réponds ce que je vais te dire : Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux et lâches, méprisables et sensuels ; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et dépravées ; le monde n’est qu’un égout sans fond où les phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes de fange ; mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c’est l’union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux. On est souvent trompé en amour, souvent blessé et souvent malheureux ; mais on aime, et quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière ; et on se dit : « J’ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois, mais j’ai aimé. C’est moi qui ai vécu, et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui.


***

Alfred de Musset, On ne badine pas avec l’amour, II, 5, extrait

L’ hiver bat la vitre et le toit.
Il fait bon dans la chambre,
A part cette sale odeur d’ ambre
Et de plaisir. Mais toi,

Les roses naissent sur ta face
Quand tu ris près du feu…
Ce soir tu me diras adieu,
Ombre, que l’ ombre efface.

***

Paul-Jean Toulet, Les Contrerimes, 1921

Ce que j’écris :

La phrase qui tue :

Peu m'importe.
Peu m'importe quoi ? Je ne sais 
pas ; peu m'importe.
                    Fernando Pessoa

Classement par auteurs

Haïku !!!

Sans savoir pourquoi
                     j'aime ce monde
   où nous venons mourir___

                 Natsume Sôseki

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