You are currently browsing the tag archive for the ‘morale’ tag.

Si j’ai encore un conseil à vous donner, mon ange, c’est de ne pas plus tenir à vos opinions qu’à vos paroles. Quand on vous les demandera, vendez-les. Un homme qui se vante de ne jamais changer d’opinion est un homme qui se charge d’aller toujours en ligne droite, un niais qui croit à l’infaillibilité. Il n’y a pas de principes, il n’y a que des circonstances : l’homme supérieur épouse les événements et les circonstances pour les conduire. S’il y avait des principes et des lois fixes les peuples n’en changeraient pas comme nous changeons de chemises. L’homme n’est pas tenu d’être plus sage que toute une nation. L’homme qui a rendu le moins de services à la France est un fétiche vénéré pour avoir toujours vu en rouge, il est tout au plus bon à mettre au Conservatoire, parmi les machines, en l’étiquetant La Fayette ; tandis que le prince auquel chacun lance sa pierre, et qui méprise assez l’humanité pour lui cracher au visage autant de serments qu’elle en demande, a empêché le partage de la France au congrès de Vienne : on lui doit des couronnes. on lui jette de la boue. Oh ! je connais les affaires, moi ! J’ai les secrets de bien des hommes ! Suffit. J’aurai une opinion inébranlable le jour où j’aurai rencontré trois têtes d’accord sur l’emploi d’un principe, et j’attendrai longtemps ! L’on ne trouve pas dans les tribunaux trois juges qui aient le même avis sur un article de loi.

Le Père Goriot, Balzac, 1835 – Illustration d’époque : le personnage de Vautrin

Il faut penser ; sans quoi l’homme devient,

Malgré son âme, un vrai cheval de somme.

Il faut aimer ; c’est ce qui nous soutient ;

Sans rien aimer il est triste d’être homme.

Il faut avoir douce société,

Des gens savants, instruits, sans suffisance,

Et de plaisirs grande variété,

Sans quoi les jours sont plus longs qu’on ne pense.

Il faut avoir un ami, qu’en tout temps,

Pour son bonheur, on écoute, on consulte,

Qui puisse rendre à notre âme en tumulte,

Les maux moins vifs et les plaisirs plus grands.

Il faut, le soir, un souper délectable

Où l’on soit libre, où l’on ôûte à propos,

Les mets exquis, les bons vins, les bons mots

Et sans être ivre, il faut sortir de table.

 Il faut, la nuit, tenir entre deux draps

Le tendre objet que notre coeur adore,

Le caresser, s’endormir dans ses bras,

Et le matin, recommencer encore.

Mes chers amis, avouez que voilà

De quoi passer une assez douce vie :

Or, dès l’instant que j’aimai ma Sylvie,

Sans trop chercher j’ai trouvé tout cela.


  C’est ainsi que l’on nomme les protestants français que la révocation de l’Edit de Nantes a forcés de sortir de France, et de chercher un asile dans les pays étrangers, afin de se soustraire aux persécutions qu’un zèle aveugle et inconsidéré leur faisait éprouver dans leur patrie. Depuis ce temps, la France s’est vue privée d’un grand nombre de citoyens qui ont porté à ses ennemis des arts, des talents et des ressources dont ils ont souvent usé contre elle. Il n’est point de bon Français qui ne gémisse depuis longtemps de la plaie profonde causée au royaume par la perte de tant de sujets utiles. Cependant, à la honte de notre siècle, il s’est trouvé de nos jours des hommes assez aveugles ou assez impudents pour justifier aux yeux de la politique et de la raison la plus funeste démarche qu’ait jamais pu entreprendre le conseil d’un souverain. Louis XIV, en persécutant les protestants, a privé son royaume de près d’un million d’hommes industrieux qu’il a sacrifiés aux vues intéressées et ambitieuses de quelques mauvais citoyens qui sont les ennemis de toute liberté de penser, parce qu’ils ne peuvent régner qu’à l’ombre de l’ignorance. L’esprit persécuteur devrait être réprimé par tout gouvernement éclairé: si l’on punissait les perturbateurs qui veulent sans cesse troubler les consciences de leurs concitoyens lorsqu’ils différent dans leurs opinions, on verrait toutes les sectes vivre dans une parfaite harmonie et fournir à l’envi des citoyens utiles à la patrie et fidèles à leur prince.
Quelle idée prendre de l’humanité et de la religion des partisans de l’intolérance? Ceux qui croient que la violence peut ébranler la foi des autres donnent une opinion bien méprisable de leurs sentiments et de leur propre constance.

***

Encyclopédie, « Réfugiés », auteur anonyme, 1772

Ceux qui dussent parler sont muts :
Les loyaux sont pour sots tenus ;
Je n’en vois nuls
Qui de bonté tiennent plus compte,
Vertus vont jus, péchés haut montent :
Ce vous est honte,
Seigneurs grands, moyens et menus.

Flatteurs sont grands gens devenus
Et à hauts états parvenus,
Entretenus,
Tant qu’il n’est rien qui les surmontent.
Ceux qui dussent parler sont muts.

Nous naquîmes pauvres et nus.
Les biens nous sont de Dieu venus,
Nos cas connus.
Lui sont pour vrai, je vous le conte ;
Pape, empereur, roi, duc ou comte
Tout se mécompte
Quand les bons ne sont soutenus,
Ceux qui dussent parler sont muts.

– […] Qu’est-ce que signifie « apprivoiser »?
-C’est une chose trop oubliée, dit le renard. Ca signifie « Créer des liens… »
-Créer des liens?
-Bien sûr,dit le renard. Tu n’es encore pour moi qu’un petit garçon tout semblable à cent mille petits garçons. Et je n’ai pas besoin de toi. Et tu n’as pas besoin de moi non plus. Je ne suis pour toi qu’un renard semblable à cent mille renards. Mais, si tu m’apprivoises, nous aurons besoin l’un de l’autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde…
-Je commence à comprendre, dit le petit prince. Il y a une fleur… je crois qu’elle m’a apprivoisé…
-C’est possible, dit le renard. On voit sur la Terre toutes sortes de choses…
-Oh! ce n’est pas sur la Terre, dit le petit prince. Le renard parut très intrigué :
-Sur une autre planète ?
-Oui.
-Il y a des chasseurs sur cette planète-là ?
-Non.
-Ca, c’est intéressant! Et des poules ?
-Non.
-Rien n’est parfait, soupira le renard.
Mais le renard revint à son idée :
-Ma vie est monotone. Je chasse les poules, les hommes me chassent. Toutes les poules se ressemblent, et tous les hommes se ressemblent. Je m’ennuie donc un peu. Mais si tu m’apprivoises, ma vie sera comme ensoleillée. Je connaîtrai un bruit de pas qui sera différent de tous les autres. Les autres pas me font rentrer sous terre. Le tien m’appelera hors du terrier, comme une musique. Et puis regarde! Tu vois, là-bas, les champs de blé? Je ne mange pas de pain. Le blé pour moi est inutile. Les champs de blé ne me rappellent rien. Et ça, c’est triste! Mais tu as des cheveux couleur d’or. Alors ce sera merveilleux quand tu m’auras apprivoisé! Le blé, qui est doré, me fera souvenir de toi. Et j’aimerai le bruit du vent dans le blé…
Le renard se tut et regarda longtemps le petit prince :
-S’il te plaît… apprivoise-moi! dit-il.
-Je veux bien, répondit le petit prince, mais je n’ai pas beaucoup de temps. J’ai des amis à découvrir et beaucoup de choses à connaître.
-On ne connaît que les choses que l’on apprivoise, dit le renard. Les hommes n’ont plus le temps de rien connaître. Il achètent des choses toutes faites chez les marchands. Mais comme il n’existe point de marchands d’amis, les hommes n’ont plus d’amis. Si tu veux un ami, apprivoise-moi!
-Que faut-il faire? dit le petit prince.
-Il faut être très patient, répondit le renard. Tu t’assoiras d’abord un peu loin de moi, comme ça, dans l’herbe. Je te regarderai du coin de l’oeil et tu ne diras rien. Le langage est source de malentendus. Mais, chaque jour, tu pourras t’asseoir un peu plus près…
Le lendemain revint le petit prince.
-Il eût mieux valu revenir à la même heure, dit le renard. Si tu viens, par exemple, à quatre heures de l’après-midi, dès trois heures je commencerai d’être heureux. Plus l’heure avancera, plus je me sentirai heureux. À quatre heures, déjà, je m’agiterai et m’inquiéterai; je découvrira le prix du bonheur! Mais si tu viens n’importe quand, je ne saurai jamais à quelle heure m’habiller le coeur… il faut des rites.
-Qu’est-ce qu’un rite? dit le petit prince.
-C’est quelque chose trop oublié, dit le renard. C’est ce qui fait qu’un jour est différent des autres jours, une heure, des autres heures. Il y a un rite, par exemple, chez mes chasseurs. Ils dansent le jeudi avec les filles du village. Alors le jeudi est jour merveilleux! Je vais me promener jusqu’à la vigne. Si les chasseurs dansaient n’importe quand, les jours se ressembleraient tous, et je n’aurais point de vacances.
Ainsi le petit prince apprivoisa le renard. Et quand l’heure du départ fut proche:
-Ah! dit le renard… je pleurerai.
-C’est ta faute, dit le petit prince, je ne te souhaitais point de mal, mais tu as voulu que je t’apprivoise…
-Bien sûr, dit le renard.
-Mais tu vas pleurer! dit le petit prince.
-Bien sûr, dit le renard.
-Alors tu n’y gagnes rien!
-J’y gagne, dit le renard, à cause de la couleur du blé.
Puis il ajouta :
-Va revoir les roses. Tu comprendras que la tienne est unique au monde. Tu reviendras me dire adieu, et je te ferai cadeau d’un secret.
Le petit prince s’en fut revoir les roses.
-Vous n’êtes pas du tout semblables à ma rose, vous n’êtes rien encore, leur dit-il. Personne ne vous a apprivoisées et vous n’avez apprivoisé personne. Vous êtes comme était mon renard. Ce n’était qu’un renard semblable à cent mille autres. Mais j’en ai fait mon ami, et il est maintenant unique au monde.
Et les roses étaient gênées.
-Vous êtes belles mais vous êtes vides, leur dit-il encore. On ne peut pas mourir pour vous. Bien sûr, ma rose à moi, un passant ordinaire croirait qu’elle vous ressemble. Mais à elle seule elle est plus importante que vous toutes, puisque c’est elle que j’ai arrosée. Puisque c’est elle que j’ai abritée par le paravent. Puisque c’est elle dont j’ai tué les chenilles (sauf les deux ou trois pour les papillons). Puisque c’est elle que j’ai écouté se plaindre, ou se vanter, ou même quelquefois se taire. Puisque c’est ma rose.
Et il revint vers le renard :
-Adieu, dit-il…
-Adieu, dit le renard. Voici mon secret. Il est très simple : on ne voit bien qu’avec le coeur. L’essentiel est invisible pour les yeux.
-L’essentiel est invisible pour les yeux, répéta le petit prince, afin de se souvenir.
-C’est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante.
-C’est le temps que j’ai perdu pour ma rose… fit le petit prince, afin de se souvenir.
-Les hommes ont oublié cette vérité, dit le renard. Mais tu ne dois pas l’oublier. Tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé. Tu es responsable de ta rose…
-Je suis responsable de ma rose… répéta le petit prince, afin de se souvenir.

Même
lorsque mon père se mourait
je pétais

***

Illustration : Hiroshige, Pruniers en fleurs, 1857

Vraiment pas gai, ce texte d’Abd Al Malik, mais c’est un de mes préférés, et il est très bien interprété. J’aime énormément le moment où l’on comprend qui parle à l’enfant et où la boucle se boucle (dans la 4e strophe, puis dans la dernière).

 

Circule Petit
circule parc’que sinon tu resteras petit même quand tu s’ras grand
Petit tu sais
on s’est tellement affirmé en disant Nan
infirmé dans la négation
qu’c’est notre monde tout entier qu’est devenu prison
même qu’on n’y avait jamais été
même qu’on n’y avait jamais été en prison
c’est pas la rue en elle-même
c’est pas juste la cité HLM
c’est la perception qu’on a d’nous-mêmes
à travers elle
c’est la perception qu’on a d’nous-mêmes
au travers d’elle

 

Circule Petit
circule parc’qu’on risque de t’écraser si on t’voit pas
Petit tu sais
beaucoup sont morts parc’qu’ils étaient pas en accord avec eux-mêmes
parc’qu’ils voulaient juste être raccords avec le décor
parc’qu’on supporte pas d’pas faire corps avec le reste
avec le reste on s’sent être, on s’sent plus fier
c’est pas la rue en elle-même
c’est pas juste la cité HLM
c’est la perception qu’on a d’nous-mêmes
à travers elle
c’est la perception qu’on a d’nous-mêmes
au travers d’elle

 

Circule Petit
circule parc’que ces traîtres
parc’qu’ils t’diront tous qu’ils t’aiment
Petit tu sais
jusqu’à c’qu’ils t’envient pour une raison ou une autre
alors ils diront qu’ils t’ont vu faire
ou diront alors qu’il s’agissait d’un autre
ou qu’il s’agissait de rien
Mais c’est rien justement qu’ils veulent que tu deviennes
rien
alors comment te dire alors faut chérir ceux et celles dont les yeux te disent qu’ils t’seront toujours fidèles
c’est pas la rue en elle-même
c’est pas juste la cité HLM
c’est la conception qu’on a d’nous-mêmes
à travers elle
c’est la perception qu’on a d’nous-mêmes
au travers d’elle

 

Circule Petit
circule parc’qu’on n’est pas éternels
parc’qu’rester immobiles c’est la mort certaine
Petit tu sais
j’ai pas toujours été là
j’ai pas toujours bu comme ça
j’ai pas toujours été ivre mort comme ça
allongé à même le sol comme ça
j’ai été le même que toi et y’avait le même que moi
sauf qu’au lieu d’une bouteille il tenait une seringue et du sang lui coulait du bras
c’est pas la rue en elle-même
c’est pas juste la cité HLM
c’est la perception qu’on a d’nous-mêmes
à travers elle
c’est la perception qu’on a d’nous-mêmes
au travers d’elle

 

Circule Petit
circule parc’que sinon tu resteras petit même quand tu s’ras grand
Petit tu sais
on s’est tellement affirmé en disant Nan
infirmé dans la négation
qu’c’est notre monde tout entier qu’est devenu prison
Circule Petit
circule
Circule Petit
circule
Y’a rien à voir

 

Loin du temps, de l’espace, un homme est égaré,
Mince comme un cheveu, ample comme l’aurore,
Les naseaux écumants, les deux yeux révulsés,
Et les mains en avant pour tâter le décor

— D’ailleurs inexistant. Mais quelle est, dira-t-on,
La signification de cette métaphore :
« Mince comme un cheveu, ample comme l’aurore »
Et pourquoi ces naseaux hors des trois dimensions ?

Si je parle du temps, c’est qu’il n’est pas encore,
Si je parle d’un lieu, c’est qu’il a disparu,
Si je parle d’un homme, il sera bientôt mort,
Si je parle du temps, c’est qu’il n’est déjà plus,

Si je parle d’espace, un dieu vient le détruire,
Si je parle des ans, c’est pour anéantir,
Si j’entends le silence, un dieu vient y mugir
Et ses cris répétés ne peuvent que me nuire.

Car ces dieux sont démons ; ils rampent dans l’espace
Minces comme un cheveu, amples comme l’aurore,
Les naseaux écumants, la bave sur la face,
Et les mains en avant pour saisir un décor

— D’ailleurs inexistant. Mais quelle est, dira-t-on,
La signification de cette métaphore
« Minces comme un cheveu, amples comme l’aurore »
Et pourquoi cette face hors des trois dimensions ?

Si je parle des dieux, c’est qu’ils couvrent la mer
De leur poids infini, de leur vol immortel,
Si je parle des dieux, c’est qu’ils hantent les airs,
Si je parle des dieux, c’est qu’ils sont perpétuels,

Si je parle des dieux, c’est qu’ils vivent sous terre,
Insufflant dans le sol leur haleine vivace,
Si je parle des dieux, c’est qu’ils couvent le fer,
Amassent le charbon, distillent le cinabre.

Sont-ils dieux ou démons ? Ils emplissent le temps,
Minces comme un cheveu, amples comme l’aurore,
L’émail des yeux brisés, les naseaux écumants,
Et les mains en avant pour saisir un décor

— D’ailleurs inexistant. Mais quelle est, dira-t-on,
La signification de cette métaphore
« Mince comme un cheveu, ample comme une aurore »
Et pourquoi ces deux mains hors des trois dimensions ?

Oui, ce sont des démons. L’un descend, l’autre monte.
À chaque nuit son jour, à chaque mont son val,
À chaque jour sa nuit, à chaque arbre son ombre,
À chaque être son Non, à chaque bien son mal,

Oui, ce sont des reflets, images négatives,
S’agitant à l’instar de l’immobilité,
Jetant dans le néant leur multitude active
Et composant un double à toute vérité.

Mais ni dieu ni démon l’homme s’est égaré,
Mince comme un cheveu, ample comme l’aurore,
Les naseaux écumants, les deux yeux révulsés,
Et les mains en avant pour tâter un décor

— D’ailleurs inexistant. C’est qu’il est égaré ;
Il n’est pas assez mince, il n’est pas assez ample :
Trop de muscles tordus, trop de salive usée.
Le calme reviendra lorsqu’il verra le Temple
De sa forme assurer sa propre éternité.

Raymond Queneau, L’Explication des métaphores, in Les Ziaux, 1920-1943, © Gallimard

Regardez cet animal à l’intérieur de la cage que vous lui avez fabriquée :
Êtes-vous certain de savoir de quel côté vous vous trouvez ?
Vous feriez mieux de ne pas le regarder dans les yeux de trop près :
Êtes-vous certain de savoir de quel côté du miroir vous vous trouvez ?
Regardez la vie saine et sûre que vous vous êtes créée :
Tout est exactement à sa place.
Ressentez-vous cette vanité qui est au fond de votre coeur ?
Tout est
Exactement à sa place.

Et si tout ce qui vous entoure
N’était pas vraiment comme vous l’imaginez ?
Et si tout ce que vous pensez connaître du monde
N’était qu’un rêve très détaillé ?
Si vous jetez un oeil à votre propre reflet
Est-ce là tout ce que vous en attendez ?
Et si vous pouviez regardez à travers les fissures
Ne vous retrouveriez-vous pas, vous-même,
Ne vous retrouveriez-vous pas, vous-même, effrayé par ce que vous y verriez ?

Et si le monde entier était à l’intérieur de votre tête
Tout simplement créé par votre esprit,
Vos démons et vos dieux,
Tout ce qui est vivant et mort,
Et qu’en réalité, vous étiez complètement seul ?
Vous pourriez vivre dans cette illusion,
Vous êtes libre d’y croire,
Vous persistez à vouloir y voir clair, mais ne pouvez pas voir les bois
Si vous restez caché au milieu des arbres de la forêt.

***

See the animal in his cage that you built
Are you sure what side you’re on?
Better not look him too closely in the eye
Are you sure what side of the glass you are on?
See the safety of the life you have built
Everything where it belongs
Feel the hollowness inside of your heart
And it’s all
Right where it belongs

What if everything around you
Isn’t quite as it seems?
What if all the world you think you know
Is an elaborate dream?
And if you look at your reflection
Is it all you want it to be?
What if you could look right through the cracks?
Would you find yourself
Find yourself afraid to see?

What if all the world’s inside of your head
Just creations of your own?
Your devils and your gods
All the living and the dead
And you’re really all alone?
You can live in this illusion
You can choose to believe
You keep looking but you can’t find the woods
While you’re hiding in the trees


***

Trent Reznor, Nine Inch Nails, album « With Teeth », 2001 – traduction maison.

La présomption est notre maladie naturelle et originelle. La plus calamiteuse et fragile de toutes les créatures c’est l’homme, et quant et quant, la plus orgueilleuse. Elle se sent et se voit logée ici parmi la bourbe et la fiente du monde, attachée et clouée à la pire, plus morte et croupie partie de l’univers, au dernier étage du logis, et le plus éloigné de la voûte céleste, avec les animaux de la pire condition des trois : et se va plantant par imagination au dessus du cercle de la Lune, et ramenant le ciel sous ses pieds. C’est par la vanité de cette même imagination qu’il s’égale à Dieu, qu’il s’attribue les conditions divines, qu’il se trie soi-même et sépare de la presse des autres créatures, taille les parts aux animaux ses confrères et compagnons, et leur distribue telle portion de facultés et de forces que bon lui semble. Comment cognait-il par l’effort de son intelligence, les branles internes et secrets des animaux ? Par quelle comparaison d’eux à nous conclut-il la bêtise qu’il leur attribue ?

Quand je me joue à ma chatte, qui sait si elle passe son temps de moi plus que je ne fais d’elle ? Nous nous entretenons de singeries réciproques. Si j’ai mon heure de commencer ou de refuser, aussi à elle la sienne. Platon en sa peinture de l’âge doré sous Saturne, compte entre les principaux avantages de l’homme de lors, la communication qu’il avait avec les bêtes, desquelles s’enquérant et s’instruisant, il savait les vraies qualités et différences de chacune d’icelles : par où il acquérait une très parfaite intelligence et prudence ; et en conduisait de bien loin plus heureusement sa vie que nous ne saurions faire. Nous faut-il meilleure preuve à juger l’impudence humaine sur le fait des bêtes ? Ce grand auteur a opiné qu’en la plus part de la forme corporelle, que nature leur a donnée, elle a regardé seulement l’usage des pronostications, qu’on en tirait en son temps.

Ce que j’écris :

La phrase qui tue :

Peu m'importe.
Peu m'importe quoi ? Je ne sais 
pas ; peu m'importe.
                    Fernando Pessoa

Classement par auteurs

Haïku !!!

Sans savoir pourquoi
                     j'aime ce monde
   où nous venons mourir___

                 Natsume Sôseki

Articles les mieux notés

Mai 2024
L M M J V S D
 12345
6789101112
13141516171819
20212223242526
2728293031  

Un petit sondage

Archives

google-site-verification: google2f13a981018fddfc.html